courrier des lecteurs

En réponse à Didier Holl « Maudit crucifix »

16 avr. 2017

Dans sa rubrique Libre Opinion, "Le Nouvelliste" du 10 avril donnait la parole à M. Didier Holl, pour nous dresser la menace d’un crucifix totalitaire. Restriction à nos libertés civiles, menace pour la rationalité des votes, «norme implicite» qui neutralise d’emblée le débat d’idées, insulte même à la liberté de conscience… Bref, le condensé de tous nos maux…
En filigrane de ce discours, un énième plaidoyer pour le laïcisme, qui viserait à effacer toute référence religieuse de la sphère publique, et à reléguer toute manifestation extérieure de foi dans le domaine strictement privé.
Mais, le Valais, et quoi qu’en dise M. Holl, n’est pas un canton laïc puisqu’il reconnaît à l’Eglise catholique romaine «le statut juridique de droit public», tout en garantissant «la liberté de conscience, de croyance et le libre exercice du culte» (Constitution de 1907). Et, nuance, cela ne fait pas du canton un régime totalitaire – qui a vrai dire, s’accommode souvent très mal du religieux.
Ce qui fonde la pensée de M. Holl est en fait une vision réductrice du catholicisme et de la politique. Mais le catholicisme n’a jamais prétendu imposer un régime politique ou un quelconque «déterminisme figé et irrévocable». Comparez les républiques italiennes de la Renaissance, la monarchie de droit divin en France, la démocratie helvétique… La forme et la culture ne sont jamais semblables, même si on se réclame des mêmes principes. L’on rejoint là Platon qui disait qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais régime politique en soi; seulement des bonnes ou des mauvaises façons de gouverner.
La question du totalitarisme, telle que l’a bien décrite Hannah Arendt, est fondamentalement anti-chrétienne. Mais n’oublions pas que ce régime tyrannique ne peut survenir que dans une société déconnectée de son histoire, de ses valeurs et de sa culture, et qui érige une nouvelle bien-pensance en norme implicite. Autrement plus dangereuse puisqu’elle ne s’assume dans aucun symbole, «maudit» soit-il.
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Anne-Sylvie Crettex

par Crettex Anne-Sylvie, 1908 Riddes