courrier des lecteurs

De l'usage démagogique des conventions collectives et du partenariat social

24 févr. 2014

Depuis quelques temps, pour contrer le progrès social que nous pourrions obtenir par les urnes (initiative Minder, initiative 1:12), nos plus farouches opposants brandissent comme un argument imparable à leurs yeux, le modèle suisse du partenariat social et des conventions collectives (CCT). En les écoutant nous vanter les mérites de ce partenariat et la quasi dévotion qu'ils vouent aux conventions collectives, le citoyen lambda qui les écoute, persuadé de la bonne foi de ces charlatans, ne peut que trouver inutile de faire passer le progrès social par des lois. Il est cependant très important de replacer les choses dans leur contexte réel. Premièrement la toute grande majorité des hommes politiques ou éminences grises de droite qui n'ont que le partenariat social à la bouche, n'y connaissent en fait rien et n'ont jamais tenu une convention collective dans leurs mains. Cette nouvelle manière de faire des phrases dont ils n'en connaissent ni le sens, ni n'en comprennent la portée, leur permet, en fait, de faire diversion. Ensuite, en l'état actuel du partenariat social en Suisse, il est vraiment utile de passer aussi par les urnes pour faire progresser la justice sociale. En effet à ce jour, à peine 50% des salariés de ce pays sont au bénéfice d'une CCT, et plus grave, il est extrêmement difficile, de développer ce partenariat dans les secteurs les plus précarisés de notre économie, en particulier le tertiaire. Il n'y a en fait aucune volonté réelle de la part de la toute grande majorité des employeurs de développer de nouvelles CCT. Ce manque de volonté, ce peu de considération pour les conventions collectives se retrouvent aussi au cœur de notre appareil d'Etat. Pour preuve, le Seco met un temps fou à rendre obligatoire une CCT négociée ou renouvelée, alors que seulement une CCT qui s'applique à toutes les entreprises, protège efficacement les conditions sociales d'un secteur d'activité donné. Tant l'appareil d'Etat que les opposants au progrès social sous quelle que forme que ce soit, n'ont en fait aucun intérêt réel pour le partenariat social et les CCT. En bons démagogues, ils ne croient pas à ce qu'ils disent et disent le contraire de ce qu'ils font. Nos détracteurs font simplement un usage démagogique des conventions collectives et du partenariat social. Il est donc important de démontrer et démonter cette distorsion de la réalité sociale par leur tour de passe-passe sémantique en vue des prochaines votations, notamment celles sur le salaire minimum du 18 mai.
par Blaise Carron, Unia Monthey