courrier des lecteurs

Paysans au chômage

25 mai 2021

Ceux qui ne rêvent pas comprendront que les auteurs des initiatives dites «anti-pesticides» et «pour une eau propre», veulent surtout verser des paiements directs a beaucoup moins de paysans, en imposant au monde agricole et à ses transformateurs des conditions de travail irréalistes, sous prétexte de forcer ce secteur à devenir encore plus vert.

Les paiements directs rémunèrent des prestations écologiques et l’entretien du territoire. Ils constituent une part indispensable du revenu agricole. L’autre part du salaire paysan provient de la vente de leurs produits. Pour permettre aux agriculteurs une meilleure rémunération de leur travail, il faudrait déjà que les distributeurs paient correctement les produits et diminuent leurs marges au profit du producteur. Il faut savoir par exemple qu’un arboriculteur qui vend des abricots premier choix à 3fr.60/kg ne retire que 56 ct./kg de bénéfice net (dont 9 ct./kg de paiements directs). Ces mêmes fruits sont vendus 7 à 8 fr./kg en grandes surfaces. C’est un véritable scandale et on comprendra alors qu’une exploitation agricole n’est pas viable sans paiements directs.

Imposer aux paysans de produire sans produits phytosanitaires de synthèse ou même naturels ainsi que de nourrir leur bétail avec des aliments produits uniquement sur l’exploitation équivaut à mettre une majorité d’entre eux hors la loi et surtout sur la paille ou au chômage… puisque le vrai motif de ces initiatives est de les exclure des paiements directs s’ils ne parviennent pas à remplir les conditions infernales pour y avoir droit. Il faut bien réaliser que les salaires agricoles sont nettement inférieurs à ceux des secteurs secondaire et tertiaire.

Pour apporter notre contribution et notre soutien concret au monde agricole, votons deux fois non.

par Sierro Sylvain, 1992 Les Mayens de Sion