courrier des lecteurs

Oui à l'abstinence – Oui à la loi sur les stupéfiants

30 oct. 2008

Parce que les thérapies visant l'abstinence ne sauraient exister en dehors d'une offre de traitements diversifiés, et parce que l'abstinence ne doit pas rester une illusion, les institutions suisses actives dans le domaine des thérapies résidentielles orientées vers l'abstinence, ainsi que les unités spécialisées dans le sevrage, demandent à la population suisse de soutenir, le 30 novembre 2008, le "oui" à la révision de la loi sur les stupéfiants. En acceptant la révision de la LStup qui apporte un socle législatif à la politique des quatre piliers (prévention, traitement, réduction des risques, répression), la population consacre une politique à l'efficacité éprouvée (disparition des scènes ouvertes de la drogue) et pose des bases solides pour la politique suisse en matière de drogue de demain. Les opposants à la révision prétendent que la loi sur les stupéfiants met de côté la question de l'abstinence, ce qui est faux! Nous, les institutions suisses actives dans le domaine des thérapies résidentielles orientées vers l'abstinence, nous dénonçons les allégations mensongères du comité 2 x non et précisons que: – En Suisse, tous les organismes qui promeuvent l'abstinence s'engagent pour un "oui" convaincu à la loi sur les stupéfiants*. – La révision de la loi sur les stupéfiants cite pour la première fois et de manière explicite l'abstinence dans les buts de la loi, elle souligne donc son importance. – La révision de la loi sur les stupéfiants charge la Confédération d'élaborer des recommandations pour le financement des thérapies résidentielles, elle renforce ainsi la position des institutions orientées vers l'abstinence. – Sur la base de notre pratique et des recherches menées ces dernières années, un consensus s'est formé au sein des institutions orientées vers l'abstinence, à savoir que l'abstinence est un but souhaitable, mais qui n'est accessible ni en tout temps ni par tous les toxicomanes. ll est donc nécessaire de maintenir une offre diversifiée qui stabilise l'état de santé et l'insertion sociale des personnes dépendantes et fournit ainsi le terreau nécessaire aux thérapies orientées vers l'abstinence. Comme pour toute autre maladie, chacun doit pouvoir trouver le meilleur traitement possible pour lui: pour certains, il s'agira d'un traitement de substitution, pour d'autres, d'une thérapie orientée vers l'abstinence. Autrement dit, il est totalement erroné de vouloir opposer les thérapies de substitution et les thérapies visant l'abstinence. Les deux formes de thérapie sont des éléments importants de la chaîne de traitement; leur efficacité repose sur leur complémentarité, ce que les professionnels mettent en pratique depuis plus de dix ans! La Suisse a su contenir les problèmes liés à l'usage de drogue grâce à sa politique des 4 piliers et à son offre diversifiée de traitement. Utiliser l'abstinence comme un argument idéologique et dogmatique met en danger l'ensemble de l'édifice aux dépens des victimes, de leurs parents et de l'ensemble de la société. Un refus de la révision de la loi sur les stupéfiants entraînerait en peu de temps un retour des scènes ouvertes, de la misère et de la mort. Nous, professionnel-le-s œuvrant dans les institutions orientées vers l'abstinence, faisons appel à la population afin qu'elle ne se laisse pas aveugler par le discours irréaliste des opposants à la révision. Nous demandons instamment à tou-te-s les électeurs-trices de soutenir, avec un "oui" à la révision, la possibilité qui nous est donnée de traiter efficacement, et dans le respect de leur individualité, l'ensemble des personnes dépendantes. Les médias sont cordialement invités par les membres du Comité "Oui" à l'abstinence – "Oui" à la loi sur les stupéfiants à venir visiter leur institution afin de mieux se rendre compte de la réalité des soins prodigués. Liste des institutions romandes soutenant cette position: – Argos, GE – Association du Relais, VD – Fondation Bartimée, VD – Fondation Dépendances (Clos-Henri), JU – Fondation Estérelle-Arcadie, VD – Fondation du Levant, VD – Fondation Goéland, NE – Ligue valaisanne contre les toxicomanies, VS – Le Radeau, FR * Une liste complète des institutions suisses qui soutiennent ce comité est disponible sur demande.
par Hervé Durgnat, président du groupe résidentiel CRIAD