courrier des lecteurs

Oser parler

25 nov. 2020

Banaliser les violences, excuser les agresseurs, décrédibiliser les victimes.

Laude-Camille Chanton, 8 ans au conseil général de Monthey dont 4 à la présidence, a été sanctionnée pour avoir pris la parole et dénoncé publiquement les agressions d’un harceleur notoire. Des dizaines de coups de crayons anonymes auront eu raison de son audace.

Et du courage il en fallait! Déjà pour oser dire au grossier personnage que son comportement était inadmissible. Il en fallait encore plus pour dénoncer à la presse et déposer plainte pénale. Prendre la parole et dénoncer ouvertement c’est s’exposer aux représailles, se voir désavouée, critiquée, insultée.

En 2019 en Suisse, seul 8% des victimes d’agressions sexuelles l’ont signalé à la police (chiffre gfs.bern) et cela n’a rien d’étonnant quand on voit le traitement qui est réservé à celles qui prennent la parole. Qui osera encore porter plainte dans ces conditions ?

Culpabiliser les victimes, banaliser les violences, déresponsabiliser les agresseurs.

Le signal envoyé est terrible, si on parle, si on dénonce, on nous le fera payer. Et ce n’est pas normal. Ce n’est pas dans cette société que je veux vivre. Je veux vivre dans une société qui protège et défend toutes les personnes qui dénoncent des violences sexistes et sexuelles, une société qui comprend que oui, c’est grave, que ces comportements doivent changer et qu’il est primordial de soutenir celles qui subissent et pas de se débarrasser d’elles.

Il est donc important de le dire haut et fort: bravo Laude-Camille! Ton attitude a été en tout point exemplaire et suscite notre plus vive admiration et notre plus grand soutien. A toi et à toutes celles qui en ont besoin, vous n’êtes pas seules et on vous croit. 

par Martine Rouiller, 1890 Saint-Maurice