courrier des lecteurs

Nuit décadente à Verbier

2 janv. 2008

La limite du tolérable a été franchie la nuit du réveillon sur la place centrale de Verbier. J'y étais pour accompagner mes deux adolescentes. Le ton était donné bien avant les douze coups de minuit lorsqu'une horde de jeunes prenait d'assaut les cars de La Poste au Châble. Un jeune s'en prend hargneusement au chauffeur d'un car débordé par la foule en lui crachant au visage. J'interviens pour aider les cars à partir sur Verbier en faisant sortir des jeunes entassés dans les soutes à bagages et dans les portes skis. Cette jeunesse s'est donné rendez-vous dans la station bagnarde pour une grande trans-party de Nouvel An. Une puissante sono, un DJ et des jeux de lumières sont installés sous une tente qui domine la petite place. Les rythmes techno s'enchaînent des 23h pour chauffer la foule. De plus en plus de monde afflue. Les gens dansent pour se réchauffer. Minuit, les douze coups de Big Ben enflamment la place. L'orgie qui va durer jusque tard dans la nuit démarre; le champagne qui habituellement est partagé dans l'amitié, est surtout utilisé pour s'asperger. Les bouteilles vides sont lancées dans la foule. Devant moi une jeune femme est portée sur un banc avec une forte contusion à l'épaule suite à une chute de bouteille. Au milieu de la place, des jeunes hommes grimpent sur les lampadaires et se mettent à poil pour le plus grand bonheur de la foule de plus en plus alcoolisée. Les basses de la musique techno font vibrer la place. De plus en plus de bouteilles sont fracassées au sol. Des jeunes complètement ivres se roulent par terre, d'autres assis sur un banc vomissent leur trop-plein. Une jeune femme à terre est assistée par les secouristes du 144 devant une boîte de nuit. Certains touristes sont indignés. La police est bien présente mais elle ne peut rien faire face à cette foule en délire. Vers 2 h du matin, la place s'est un peu vidée, juste de quoi nous laisser entrevoir les milliers de bouteilles, canettes et autres immondices infectes qui jonchent le sol. Est-ce cela l'image que nous voulons donner de la station de ski la plus branchée du moment ? Est-ce cette fête-là que nous voulons apprendre à nos enfants? Je pense, et je ne dois pas être le seul, que la limite de l'acceptable a été franchie et qu'il est grand temps que nos autorités mettent un frein à cette décadence dont nous ne sommes pas fiers.
par Daniel Philippin, Le Châble