courrier des lecteurs

Ne laissons pas la rhétorique des climatosceptiques nous berner !

25 avr. 2018

Le discours de Jean-Claude Pont peut paraître séduisant de prime abord: chiffres et exemples à l’appui, il affirme que la lutte contre le CO2, un puissant gaz à effet de serre, est dérisoire. A défaut de clairement saisir les enjeux, le lecteur, s’il n’est pas offusqué du ton condescendant qu’il adopte, se sentira certainement déculpabilisé de ne pas devoir s’évertuer à diminuer son empreinte carbone. Il est d’ailleurs bien connu que le pouvoir de conviction est largement plus puissant lorsqu’il s’agit de tranquilliser les consciences.

Mais le lecteur n’a-t-il pas été surpris par la manière ambiguë dont Jean-Claude Pont contourne les questions, y ajoute de la confusion ou utilise les incertitudes inhérentes à la science climatique pour élaborer son argumentaire? Monsieur Pont est habile, il est difficile de reprocher à ce rhétoricien averti de proclamer des contre-vérités.

Par exemple, pour éviter d’imputer le réchauffement du climat à la fonte des glaces du Kilimandjaro, Jean-Claude Pont explique que c’est la modification du régime de précipitations qui participe à la diminution du volume de glace. Voilà un propos correct, mais Jean-Claude Pont n’aurait-il pas oublié une partie décisive du raisonnement ? Les raccourcis du mathématicien sont osés lorsque l’on sait que les preuves scientifiques montrent que la modification du régime de précipitations est une conséquence directe et indéniable du réchauffement climatique lui-même.

On ne s’appliquera pas à énumérer les preuves du dérèglement climatique, car Monsieur Pont les connaît déjà toutes parfaitement. On s’étonnera par contre que l’homme de science qu’il est ait si peu de considération pour ses pairs et qu’il n’invite pas à participer à un débat clair et honnête. Loin de nier qu’il existe parfois un lobby de l’éolien et du solaire, les «écolos», contre lesquels Jean-Claude Pont s’insurge, ne peuvent cependant accepter que l’on omette d’évoquer le lobby des géants pétroliers.

par Sarah Mettan, 1950 Sion