courrier des lecteurs

Maternité et stéréotypes

29 janv. 2021

En tant que jeune maman, je tenais à réagir à votre article concernant les femmes enceintes en période de Covid (voir «Le Nouvelliste» du 28 janvier 2021).

Le sujet de fond est pertinent. Néanmoins, il est dommage que celui-ci soit noyé sous une foule de stéréotypes (notamment au niveau des modèles familiaux). Surtout, le vocabulaire employé entretient le mythe tenace de la grossesse et de la maternité comme états de grâce et de béatitude absolue, où seule la présence d’une pandémie autorise l’expression de difficultés et de souffrances.

Ainsi, en dehors du contexte lié au Covid, à toutes ces femmes qui culpabilisent de ne pas se reconnaître dans ces images de joie et de sérénité inaliénables, j’aimerais rappeler qu’on a le droit d’être heureuse d’être enceinte et maman, mais qu’on a aussi le droit d’exprimer les difficultés traversées. Et que ces difficultés font partie d’une vie normale, même en l’absence d’une catastrophe sanitaire. Avoir un enfant peut apporter beaucoup de bonheur, mais cessons de faire croire aux femmes que la condition de maman implique de se parer d’un vernis chatoyant et de rayonner en chaque instant.

En outre, dans notre société où l’égalité de genre est d’actualité, je trouve dommage que votre article ne donne la parole à aucun des conjoints. Ils figurent seulement comme la source d’infection la plus dangereuse pour leur compagne. Comment ces papas vivent-ils cela? Que ressentent-ils, absents des échographies, à ne pas pouvoir écouter les premiers battements de cœur? Ou comment supporter de n’avoir pas pu être là pour entendre un silence assourdissant?

Heureusement, l’attente et l’arrivée d’un enfant apportent souvent quantité d’émotions positives, avec bonheur et espérance. Etre parent est une belle chose. Mais cessons de véhiculer le mythe que cela est facile. Même sans Covid.

par Malika Bonvin, 1926 Fully