courrier des lecteurs

Lettre ouverte à Christophe Darbellay

13 août 2021

Monsieur Darbellay,

Permettez-moi tout d’abord de saluer votre intention de reprendre l’année scolaire avec le moins de contraintes possibles, tout en faisant le maximum pour éviter absences ou fermetures d’établissements. Néanmoins, les dispositions prises en ce sens pour la rentrée par votre département soulèvent chez moi quelques incompréhensions.

Selon les informations fournies jusqu’à présent par les autorités sanitaires, les personnes vaccinées contre le Covid-19 restent susceptibles de transmettre le virus et de contracter la maladie. La logique voudrait par conséquent que tous les élèves du secondaire II portent le masque, dans la mesure où on aurait à craindre de nouveaux départs de feu viral dans ces milieux. Ou, si la menace est désormais moindre, que tous les étudiants puissent faire l’économie des masques en classe. Car il y a comme une intention malheureuse dans le fait d’affranchir uniquement les adolescents vaccinés.

Sans débattre de l’utilité et de l’innocuité des vaccins, des tests ou des masques, cette mesure implique une discrimination évidente dont beaucoup s’émeuvent et à juste titre. Outre le problème du secret médical dont certains se sont fort heureusement déjà saisis, les élèves ainsi désignés seront implicitement suspectés de complotisme, d’irresponsabilité ou de désobéissance civile, bref, d’appartenir au côté obscur de la force. Et comme la nuance n’est pas une notion à la mode, les dérapages risquent de se multiplier dans de tels creusets hormonaux.

D’autre part, le futur très incertain et tout à fait inconfortable qui attend les jeunes générations devrait nous inciter non seulement à leur garantir une formation de qualité, mais devrait surtout nous pousser à maintenir une cohésion sociale indispensable pour envisager la suite avec un tant soit peu d’optimisme.

Pour côtoyer un certain nombre d’adolescents, je peux vous assurer que le moral de ces troupes-là n’est pas toujours au beau fixe; les jeunes, pour idéalistes qu’ils soient, ne s’avèrent pas moins réalistes et je pense qu’il est inutile de rajouter des tensions stériles en leur sein. Pour ma part, je souhaite que tous les étudiants, vaccinés ou non, se décident à porter le masque à la rentrée en signe de solidarité; ce serait un joli pied de nez au manque de maturité des adultes! 

par Vanessa Thuriot, 1992 Les Mayens-de-Sion