courrier des lecteurs

Les vignerons vont-ils vendanger pour rien?

3 sept. 2020

La phrase de M. Claude Crittin, qui dit «comprendre les difficultés causées par cette décision communiquée tardivement mais dictée par des circonstances exceptionnelles» me fait bondir.

Que peut comprendre Monsieur Crittin à la situation des vignerons qui ont été payés environ le tiers de leur salaire en 2019? Qui ont dû quand même empoigner leur sécateur pour tailler leurs vignes sans savoir s’ils allaient recevoir le solde 2019 et sans savoir comment se passeraient les vendanges 2020? Comprenez bien Monsieur Crittin que le travail du vigneron a été le même cette année que celui des années précédentes; il a fallu mettre l’engrais, sulfater, ébourgeonner, effeuiller, attacher, rattacher, couper les bouts, couper les raisins, surveiller l’état des vignes, etc. Toujours sans savoir ce qu’il adviendrait de la vendange 2020! Je peux comprendre que vous ayez des difficultés économiques, mais vous devez aussi comprendre que les vignerons rencontrent de terribles difficultés économiques eux aussi. Ils ne pourront pas tenir longtemps dans cette situation fragile. 

Les vignerons ont fait leur job: le raisin est là, prêt à être coupé, magnifique. Maintenant c’est à votre tour, vous les caves, de faire votre job: empoignez vos problèmes comme le vigneron empoigne son sécateur et bossez, réfléchissez, innovez, réinventez votre approche de la vente, soyez innovatrices. Arrêtez de faire payer vos difficultés aux vignerons. 

Annoncer de pareilles horreurs à la veille des vendanges, c’est honteux et malhonnête. Et ça fait très mal. 

par Chantal Dubuis, 1965 Savièse