Les numéros un et deux du Ministère public valaisan vont quitter le parquet. Lundi, lors d’une conférence de presse donnée à Sion, le procureur général Nicolas Dubuis a annoncé qu’il présenterait sa démission d’ici la fin de l’année. Son procureur général adjoint, Lucie Wellig, a déjà présenté sa démission vendredi dernier et quittera le Ministère public en septembre.

En novembre dernier, le Conseil de la magistrature (CdM) avait rendu son rapport sur la situation prévalant au Ministère public. Verdict: l’Office central est en crise depuis 2018-2019, des dossiers traînent et l’organisation n’est pas optimale.

Je vais d’abord mettre en pratique les recommandations du CdM.

Nicolas Dubuis, procureur général

«Je vais d’abord mettre en pratique les recommandations du CdM et ensuite je donnerai ma démission. Je veux pouvoir laisser un Ministère public qui fonctionne parfaitement», a indiqué Nicolas Dubuis. Ce dernier dit vouloir plus se consacrer au droit, «qui est ma véritable passion», et moins devoir faire de travail administratif comme c’est le cas aujourd’hui.

Plan d’action immédiat

Malmené lors de sa difficile réélection en 2021 par le Grand Conseil, critiqué récemment pour son manque de leadership par le CdM, Nicolas Dubuis ne quitte donc pas tout de suite le navire. Le patron du parquet valaisan veut se donner le temps de mettre en place son plan d’action qui reprend «strictement» les mesures recommandées par le CdM.

«Ce plan vise principalement, avec l’appui de consultations externes, à la mise en œuvre de mesures concrètes, juridictionnelles, organisationnelles et humaines, nécessaires pour améliorer l’efficacité et l’attractivité de l’office central du Ministère public.»

Des greffiers à l’aide?

En place depuis 2009, successivement comme juge d’instruction cantonal, procureur général adjoint puis procureur général, Nicolas Dubuis a rappelé qu’il sollicite, «depuis plusieurs années, des moyens supplémentaires auprès des autorités politiques pour le soutenir, ainsi que ses magistrats, dans leurs tâches (notamment des greffiers et des services généraux)».

Selon Nicolas Dubuis, ces greffiers – dont l’engagement doit être avalisé par le Parlement – permettraient non seulement d’aider les procureurs dans leur tâche et d’aller plus vite, mais ils pourraient aussi effectuer une formation en interne. Ils feraient leurs armes sur de petits dossiers avant de devenir substituts et ensuite procureurs. Les meilleurs pourraient finalement travailler à l’office central sur des dossiers sensibles.

Problème d’organisation

Lundi, face à la presse, Nicolas Dubuis a reconnu qu’il y a un problème d’organisation du travail à l’office central, notamment en matière de répartition des dossiers entre procureurs. Il a annoncé une nouvelle clé de répartition, en concertation avec les procureurs.

Quant à son départ annoncé, se refusant à parler d’échec, Nicolas Dubuis parle de réorientation de carrière. Selon lui, le départ des numéros un et deux du parquet ne risque pas de péjorer l’avancement des dossiers les plus chauds.

Le numéro 2 a déjà démissionné

En novembre dernier, le CdM avait estimé, notamment, que Nicolas Dubuis n’utilisait pas assez ses pouvoirs et aurait dû se concentrer sur son rôle premier: diriger le travail du parquet, traiter lui-même des dossiers sensibles et s’assurer que les affaires ne finissent pas par être prescrites.

Le procureur général entend suivre notamment la recommandation du CdM, à savoir laisser la direction administrative de l’office central, qui gère les grosses affaires, à son numéro deux, le procureur général adjoint.

Mais pour cela, il faudra encore nommer un nouveau magistrat à ce poste. En effet, lundi, on a appris que Lucie Wellig, qui occupe cette fonction depuis 2019, a donné sa démission il y a quelques jours seulement. Elle quittera le parquet d’ici quelques mois. Il faut dire que sa position était devenue intenable.

Elle n’a pas répondu aux attentes

En effet, le même rapport du CdM de 2022 avait eu des mots très durs envers elle. Selon ce conseil, «Lucie Wellig n’a pas répondu aux attentes». Un document qui révélait que trois ans après son arrivée, la magistrate n’avait pas transmis une seule affaire pour jugement à un tribunal valaisan. Des lacunes en matière de gouvernance et sur le plan juridique la concernant avaient aussi été avancées par le CdM.

Candidate de la Commission de justice en 2019, Lucie Wellig avait eu besoin de quatre tours de scrutin pour l’emporter sur l’autre candidat, le procureur Olivier Vergères. Elle était absente au point de presse de ce lundi.

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