courrier des lecteurs

Le consentement présumé : la fin du don d’organes

18 sept. 2019

Disons-le d’emblée: le don d’organes est une réalité magnifique qui exige d’être promue, soutenue, encouragée. Donner un organe, c’est non seulement donner la vie, mais c’est, en un certain sens, donner sa vie pour la vie. Si la nature humaine est telle que l’homme est fait pour donner, n’est-ce pas l’un des plus beaux cadeaux qui soit?

Toutefois, de même qu’il ne viendrait à l’idée de personne de considérer que les impôts qu’il paie sont un don à l’Etat, car chacun est bien obligé de payer ses impôts, il ne viendrait à l’idée de personne que les dons faits à une œuvre caritative soient transformés en un prélèvement obligatoire, sous prétexte que l’œuvre est bonne. En effet, pour que le don soit un don, il faut que la personne qui donne le fasse en toute conscience et liberté. Sinon, ce n’est plus un don.

Or, puisqu’il n’y a pas suffisamment de personnes qui signalent clairement qu’elles sont favorables à ce qu’on prélève leurs organes en cas de décès, une initiative propose que tout individu soit considéré comme donneur d’organes, sauf s’il signale expressément qu’il ne le veut pas. Voilà la solution dite du «consentement présumé». Cette solution pervertit l’usage de la liberté et fait disparaître le don, car la personne ne pourra plus donner librement. La liberté qu’on lui laissera, c’est de ne pas donner. L’initiative fait donc disparaître le don d’organes et, par conséquent, réduit toute personne à un simple réservoir d’organes.

De manière plus sage, le comité national d’éthique propose que chacun soit obligé de choisir et de signaler s’il veut donner ou non. Cette proposition est infiniment plus respectueuse de la personne libre. Et, Dieu merci, elle sauve le don d’organes. 

par Jean-Charles Zay, 1950 Sion