courrier des lecteurs

La femme est l'avenir de l'homme

18 août 2021

La haine de la femme, les tentatives de l’empêcher de s’exprimer, de se former, d’être autre chose que ce à quoi la société dans laquelle elle vit la destine n’ont pas lieu seulement dans d’autres pays.

Et c’est bien parce que notre peur d’être muselées, entravées, contrôlées est toujours là, à l’intérieur, reflet de tous les machismes qui ne demandent qu’à fleurir, qu’on se sent si concernées, si émues, si terrifiées par la prise de Kaboul par les talibans. Ce qui se passe en Afghanistan est le reflet, exponentiel, de toutes les lâchetés et barbaries qui se passent ici, qu’on laisse faire sans réagir, ou si peu, parce qu’elles ne seraient pas importantes.

Le fait de présenter l’empathie comme une qualité qui serait essentiellement féminine, dans les écoles, détermine ensuite tant de choses: le choix d’une profession, les sacrifices quotidiens dans la vie familiale (qui débouchent sur une situation d’injustice inversée, par rapport aux enfants et par rapport aux finances, quand les couples divorcent). Sont ainsi jetées aux oubliettes des potentialités, des qualités, qu’on ne fait pas se développer parce qu’il y a d’abord la famille, les enfants, puis les parents âgés et qu’à force de se dévouer, on ne voit plus que ça et viennent ensuite les associations et le bénévolat.

Etre à l’affût, rester à l’affût, tout le temps, de ce qui paraît insignifiant mais qui est un germe, dont il est essentiel de savoir en quoi il est déterminé à se développer. Ce féminisme-là est universel, touche au cœur de l’être et relève des droits humains. Qui nous concernent tous. En même temps que la peur et les pleurs, en voyant ces images terribles de citoyens afghans assis à même le sol dans un avion pour fuir leur propre pays, il y a la rage qui se développe, là, dans le ventre, celle de vivre, détermination invincible de pouvoir réaliser qui on est. 

par Isabelle Vuistiner-Zuber, Granges