courrier des lecteurs

La corrida des faux-frères

20 déc. 2007

L'homme, avec tous les moyens extraordinaires dont il dispose, en est resté au temps des cavernes par ses comportements. Ce qui s'est passé à Berne lors des élections du Conseil fédéral est d'une bassesse inouïe. Des politiciens qui se tirent dans les jambes à longueur d'année et qui se liguent contre un seul homme parce que son attitude leur déplaît n'ont pas non plus leur place au Parlement fédéral, mais dans des arènes où l'on saute de joie lorsqu'un gladiateur se fait massacrer. Quel triste spectacle que de voir des gens que nous avons élu – et que l'on pensait donc respectables – décoller de leur chaise à l'annonce d'un homme atteint par l'ensemble des flèches qu'ils lui ont décochées, au paroxysme de la crise cardiaque! L'Euro 2008 peut d'ores et déjà être assurée de ces 150 fanatiques à décollage vertical, pour le plus grand bien du sport d'ailleurs. La politique, comme beaucoup d'activités humaines, n'est plus ce qu'elle était. Mais, tout de même! Ne pas faire la distinction entre une attitude déplaisante - voire arrogante - et une incompétence flagrante est un manque de discernement inadmissible de la part de nos édiles. D'autres conseillers (ou conseillère!) fédéraux se sont fait fi de la collégialité. Ils n'ont pas été assassinés pour autant... On espérait voir abolir la corrida chez nos voisins, joutes moyenâgeuses misérables, mais il semble plutôt que l'on est en train de l'introduire chez nous. S'il y a une leçon à tirer de cette lamentable épopée, c'est qu'une coalition de faux-frères (pour utiliser des termes polis...) représente en politique une force indéniable sur laquelle il faudra compter dorénavant. Mais est-ce une politique digne de nos représentants?
par Jean-Claude Mévillot, Jongny