courrier des lecteurs

L’impardonnable pour un journaliste

8 févr. 2021

1. Tromper le lecteur.
2. Etre aveuglé par ses convictions personnelles et ses intérêts.
3. Se soustraire au travail d’investigation.

Prévisible, trop prévisible! Lorsque vous pouvez prévoir le contenu des articles sur la constituante, vous sentez l’odeur de l’impardonnable faute du journalisme. Titrer «Le PDC a-t-il tourné sa veste?» pour traiter de la place de l’invocation divine dans le préambule peut soulever quelques questions, sachant qu’un professionnel connaît les points suivants:

1. Le titre d’un article a un impact majeur sur l’opinion populaire: de nombreux lecteurs s’arrêtent là.

2. Nommer le PDC, c’est désigner un mouvement, s’appuyer sur son ex-président, c’est désigner une seule personne. Confondre les deux n’est pas anodin. Dire «tourner la veste» signifie changer diamétralement de position, or la personne citée parlait de maintenir l’invocation divine en y ajoutant une adjonction. Il y a donc clairement un glissement de la thèse qui va de la nuance au retournement. Ce sophisme manipulatoire s’appelle: l’homme de paille.

3. Le débat organisé par «Le Nouvelliste» pendant la campagne sur la question du préambule et des Eglises relate que tous les partis représentés se sont prononcés unanimement pour le statu quo sur la question des Eglises et en faveur d’une invocation divine dans une formule à nuancer. Les Verts ont même misé sur le consultant éthique de la Conférence des évêques suisses pour les représenter à cette occasion.

Il paraît alors évident que l’intérêt du lecteur n’est pas la source de motivation du journaliste, car le lecteur, s’il est tenu en haute estime, mérite qu’on lui donne une vision large pour qu’il puisse se faire lui-même sa propre opinion et non que la sentence soit déjà prononcée dans le titre.

Malheureusement, les biais subjectifs sont devenus une habitude néfaste à l’information de qualité. 

par Damien Clerc, constituant PDC, 1920 Martigny