courrier des lecteurs

Irresponsable

10 mai 2007

Après avoir pris connaissance du résultat du vote de la Landsgemeinde de Glaris au sujet de l'initiative socialiste et des volontés clairement manifestées de certains gouvernements en faveur de l'octroi du droit de vote en matière communale ou cantonale aux jeunes dès leur 16e année, je me permets de m'élever en faux contre cette option que j'ose qualifier d'irresponsable. Je ne suis en rien rétrograde ou conservateur dans mon mode de pensée. Au contraire, de par les expériences professionnelles vécues, je crois au potentiel de notre jeunesse actuelle, à leur spontanéité et à leur esprit d'ouverture mais je perçois aussi leur fragilité, leurs faiblesses, liées à l'évolution sociale qui depuis une vingtaine d'années met l'accent sur l'acquisition des droits au détriment de l'apprentissage des devoirs... une évolution sociale qui fait de surcroît, la part belle au "virtuel", à "l'instantané". Or, l'exercice des droits politiques exige du temps pour s'informer correctement, du bon sens qui s'acquiert aussi avec le vécu et de la maturité capacité à analyser objectivement certaines problématiques. Voter ou élire ne doit pas se réduire à un simple "clic" effectué au cybercafé du coin. L'acte civique n'est pas gratuit car il influe sur la conduite et le fonctionnement de l'Etat. Il appartient donc aux gens conscients de leurs responsabilités vis-à-vis d'eux-mêmes et vis-à-vis de la société d'exercer ces droits. A 16 ans, les ados n'ont pas, à mon avis, le vécu et les connaissances nécessaires pour exercer les droits politiques. Même à 18 ans, certaines faiblesses demeurent, liées au manque d'expérience. Il suffit d'observer les problèmes de gestion financière ou de surendettement qui frappent de plein fouet de nombreux jeunes pour s'en convaincre. Octroyer le droit de vote dès 16 ans, c'est poursuivre dans la voie tracée depuis deux décennies, à savoir accorder toujours plus de droits à l'individu sans mettre l'accent sur les obligations qu'il se doit d'assumer. Octroyer le droit de vote dès 16 ans, c'est accroître le risque que nos jeunes, par manque de discernement, s'imprègnent de discours populistes ou trompeurs, clamés par de beaux parleurs habitués à jouer avec la naïveté d'une frange de l'électorat. Octroyer le droit de vote dès 16 ans, c'est tout simplement irresponsable!
par René Constantin, Saint-Léonard