courrier des lecteurs

Initiative contre les grands prédateurs: quel est le débat?

9 nov. 2021

La première partie du texte de l’initiative, «l’Etat édicte des prescriptions relatives à la protection contre les grands prédateurs…», ne fait guère débat. S’il s’agit d’augmenter les moyens pour protéger les troupeaux, alors tout le monde est d’accord.

La suite, «… ainsi qu’à la limitation et à la régulation de leur effectif», est totalement hors sujet. Le canton ne peut qu’appliquer ce qui est prévu par la législation fédérale.

Un grand flou règne autour de la deuxième phrase: «la promotion de la population des grands prédateurs est interdite». Vise-t-elle à interdire toute conférence, film, article ou ouvrage qui ne donne pas une vision négative des grands prédateurs? Devra-t-on rajouter sous chaque loup naturalisé au musée de la nature: «Attention, nuit gravement à l’élevage»? Ce principe serait indigne d’un système démocratique et tout aussi absurde que d’exiger que l’on évoque systématiquement le braconnage lorsqu’on parle de la chasse par exemple.

Ce qui devrait être répréhensible, c’est la propagation de contre-vérités scientifiques telles que celles avancées par certains partisans de l’initiative. Les grands prédateurs seraient néfastes à la biodiversité! Allons donc! Ils ont co-évolué avec leurs proies depuis des millénaires et les études scientifiques qui se succèdent depuis les années quarante ne cessent de démontrer leur rôle crucial au sein des écosystèmes!

Quant au titre de l’initiative, bien qu’il ne possède qu’une valeur symbolique, il semble sorti d’une époque que l’on aurait pu penser révolue depuis longtemps. Voulons-nous donner l’image d’un Valais rétrograde qui veut éliminer tous ses grands prédateurs (loup, lynx, aigle) et qui n’a encore rien compris à l’écologie?

Telles sont les raisons qui justifient le rejet de cette initiative.

par Jérôme Fournier, 1904 Vernayaz