Grands prédateurs et malaise politique
9 nov. 2021
L’initiative «Pour un canton du Valais sans grands prédateurs» porte un titre qui ne correspond pas à son contenu: les initiants eux-mêmes l’admettent.
La première phrase du texte de l’initiative ne sert à rien, puisque la protection des troupeaux est déjà ancrée dans la loi sur la chasse comme dans l’ordonnance sur les paiements directs versés dans l’agriculture. Pour mieux agir, il ne faut pas changer la Constitution, mais simplement adapter les budgets pour développer cette prestation, ce qui a été refusé par le Parlement valaisan en 2020.
La seconde phrase, qui demande l’interdiction de la promotion, est absolument inapplicable si l’on se réfère aux bases légales fédérales. Ou alors il faudra expliquer au reste de la Suisse comment il est possible de protéger une espèce comme le lynx, et simultanément d’interdire sa promotion.
Cerise sur le gâteau, suite à un processus extrêmement chaotique, le texte finalement soumis au vote n’est pas le même que celui qui a été signé par les citoyens lors de la récolte des signatures en 2016 puis déposé à la chancellerie en 2017.
Et par simple souci de «donner un signal à Berne», le Conseil d’Etat et le Parlement préconisent de voter pour une initiative au titre trompeur, dont la première phrase enfonce des portes ouvertes, dont la seconde est inapplicable, et dont la formulation diffère du texte signé par les citoyens.
Dans ma modeste expérience politique valaisanne, je crois n’avoir encore jamais rencontré de situation aussi rocambolesque. Depuis le début du débat en commission jusqu’à aujourd’hui, ma position n’a pas changé: ce n’est pas de cette façon que je compte apporter mon soutien à l’agriculture de montagne et à l’image du Valais, qui me sont très chères.