courrier des lecteurs

Freins dangereux

21 mars 2008

L'initiative des Alpes (art. 196 Cst) acceptée par le peuple suisse il y a maintenant plus de dix ans tend à favoriser le transport ferroviaire des marchandises au détriment de la route et de ses indispensables adaptations aux contingences de l'inexorable augmentation du trafic. A l'époque, le Conseil fédéral de même que les Chambres s'étaient bornés à recommander le rejet pur et simple de l'initiative sans en proposer un contre-projet de nature à consacrer l'indispensable complémentarité du transport route-rail. On sait maintenant ce qu'il en est advenu: les tragiques péripéties de CFF Cargo, le blocage quasi total des aménagements routiers et autoroutiers les réseaux en cause n'étant pourtant plus aptes, aujourd'hui, à endiguer le flot des véhicules qui l'empruntent. Les continuels bouchons du Gotthard, du San Bernardino, du tronçon Lausanne-Genève ou Berne-Zurich, pour ne citer que ceux-là, devraient rappeler à l'autorité politique les dures réalités du transport automobile suisse. Dans cet ordre d'idée, voilà qu'une nouvelle initiative est lancée, dite "initiative pour le paysage" modifiant l'art. 75 de la Constitution. On y lit que la surface totale des zones à bâtir du pays ne pourra être agrandie pendant vingt ans sous réserve de dérogations accordées par le Conseil fédéral dans des cas motivés. Il faut espérer qu'en cas de réussite de cette initiative, le Conseil fédéral et le Parlement sauront s'opposer à un texte aussi centralisateur qu'excessif car à l'instar des graves chicanes imposées par l'rat. 196 de la Constitution, l'initiative pour le paysage pourrait comporter des conséquences bien plus importantes pour une population indigène et immigrée du pays qui ne cesse d'augmenter.
par Pierre de Chastonay, Sierre