courrier des lecteurs

Frédéric Favre et les guéris du Covid

16 août 2021

L’honnêteté du président du gouvernement à propos de son statut vaccinal a apporté un soulagement à la minorité des guéris du Covid (environ 10% des Suisses). 

La science a encore très peu de recul concernant l’immunité naturelle ou vaccinale. Les récents travaux publiés dans le journal «Nature» donnent des indices encourageants. Le chercheur J.S. Turner et son équipe ont observé une immunité d’au moins onze mois à la suite d’une infection naturelle. Cette immunité est possible grâce aux lymphocytes, des cellules se chargeant de produire les anticorps en cas de réinfection. Ces cellules situées dans la moelle épinière sont durables et, selon cette étude, pourraient induire une immunité à très long terme, même pour ceux qui ont eu des symptômes légers. L’autre bonne nouvelle provient d’une étude des hôpitaux universitaires de Strasbourg: la probabilité d’être réinfecté est réduite de 96,7% après une infection naturelle, soit un taux de protection similaire à celui des vaccins à ARN messager.

L’utilité de vacciner les guéris du Covid ne semble donc pas encore validée par la science. A regret, la presse suisse ne cite pas ou peu ces études médicales sérieuses. La décision politique de ne pas octroyer de certificat après six mois de guérison laisse croire que l’immunité naturelle ne durerait que six mois.

La prudence reste de mise. L’infection au variant Delta semble fréquente chez les vaccinés (étude CDC), et pourrait l’être aussi chez les guéris du Covid. 

Mais à ce jour, il n’est pas clairement démontré que l’immunité vaccinale soit supérieure à l’immunité naturelle. Cela met en perspective le cas Frédéric Favre: peut-être est-il mieux protégé que tous les vaccinés qui lui jettent la pierre? Evitons les certitudes illusoires créant un clivage destructeur. Le vivre-ensemble en dépend. 

par Frédéric Roux, 1971 Grimisuat