courrier des lecteurs
Faut-il abolir les subventions agricoles?
20 déc. 2007
Dernièrement, j'ai eu l'occasion de suivre un reportage télévisé sur les aides apportées par l'Europe aux agriculteurs de l'Union. Selon les experts, qui n'ont certainement jamais vu "le cul d'une vache", il faudrait supprimer ces subventions pour que les paysans s'impliquent plus dans ce qu'on appelle la loi du marché. Ils voudraient voir se développer d'immenses exploitations qui arriveraient à être concurrentielles sur le plan mondial.
Etant moi-même agriculteur, je me demande, vu que la Suisse copie avec quelques retards les faits et gestes européens, quelles décisions vont être prises par nos autorités à ce sujet.
Je n'imagine pas pour ma part, dans vingt ans, posséder un domaine de deux mille hectares avec mille têtes de bétail dans nos contrées escarpées. Toujours est-il que, notre problème, en Suisse est le coût à la production.
A titre d'exemple, un ami m'expliquait que durant les années septante, il avait acquis un tracteur flambant neuf pour la somme de 21 000 francs et qu'à cette époque, la valeur marchande d'une vache de boucherie se monnayait aux alentours de 3000 francs. En ce temps-là, avec la vente de sept bêtes la machine était amortie. Deux ans passés, il changea son tracteur et mit la bagatelle de 125 000 francs. Sachant que de nos jours une vache de réforme rapporte autour des 1000 francs, eh bien, mesdames et messieurs les lecteurs, faites donc le calcul pour savoir le nombre de têtes de bétail qu'il faut de nos jours vendre pour amortir cet outil de travail.
Mon opinion est que nos payements directs ne sont de loin pas notre argent de poche, mais plutôt la source principale de revenu de toutes les professions gravitant autour de nous, telles que vendeur de matériel agricole, de produits phytosanitaires, d'aliments pour bétail, mécaniciens agricoles...
La suppression de ces aides voudrait plutôt dire augmentation du prix du panier de la ménagère de manière colossale, donc qui en pâtirait?
Les subventions agricoles sont primordiales pour toute la population moyenne.
par Damien Délèze, agriculteur, Nendaz