courrier des lecteurs

Et si on s'était trompé de chemin ?

30 sept. 2021

C’est la parabole du petit pêcheur heureux qui travaille peu et aime passer du temps avec ses enfants, faire ses propres filets, s’occuper de son potager et profiter de la vie. On lui conseille de travailler plus pour pouvoir s’acheter un plus gros bateau, vendre à l’étranger, devenir un grand pêcheur riche. Il demande alors à quoi cela pourrait lui servir. On lui répond: «A t’offrir ce qui te plaît en vacances et quand tu prendras ta retraite.» Il paraît évident que le conseil est absurde.

Et si nos sociétés s’étaient aussi trompées? Si le modèle chinois n’était pas le bon, efficace économiquement, mais avec un contrôle des taux de reproduction du virus au détriment de la santé globale, du bonheur et de la liberté? Si notre vieux modèle économique avec nécessité d’un rendement toujours croissant allait aussi pour finir avoir les mêmes effets secondaires que le modèle chinois?

Notre modèle a eu beaucoup de bon au début et il en a encore. Mais serions-nous allé.e.s trop loin? La santé psychique, la liberté et l’avenir de la population sont-ils suffisamment pris en compte? Ne sommes-nous pas devenu.e.s une population de moutons éduqués à socialiser sur des écrans et à dé-penser pour des produits venus en cargo de l’autre bout du monde?

Si les jeunes inquiets pour le climat avaient raison? Si notre modèle de progrès était excessif parce qu’il conduit à la destruction de notre santé, de notre planète, de nos démocraties, de nos capacités de réfléchir et de notre avenir? Il faut parfois avoir la sagesse et le courage du renoncement. Tel le montagnard avisé face au danger, il serait peut-être sage de s’aventurer plus haut par un autre versant. Ou même de revoir nos ambitions d’ascension et de profiter autrement de la montagne, peut-être simplement au bord d’un lac comme le petit pêcheur…


par Séverine Cesalli, 1920 Martigny