courrier des lecteurs

Savoir se remettre en question

12 oct. 2011

L'erreur, pour qui sait se remettre en question, est la source la plus sûre du progrès. Le Grand Conseil, dans sa sagesse, l'avait bien compris, en demandant un audit contre l'avis de M. Tornay, sur les dysfonctionnements patents de notre système de santé. Il avait également, à la suite des tempêtes médiatiques concernant le RSV*, exigé une enquête parlementaire qui a été conduite par la COGEST*. Contre toute attente et malgré la requête de 216 médecins privés, la loi sur les établissements et institutions sanitaires (LEIS) a été votée dans un climat de pression injustifiée, trois semaines avant de connaître les résultats de ces enquêtes. Ces dernières ont émis d'importantes critiques sur la conduite et le fonctionnement de nos hôpitaux. L'audit, rendu par des professionnels de la santé, proposait des mesures précises et concrètes dont une partie aurait dû être intégrée dans la loi. Cela aurait permis aux patients de reprendre confiance en les institutions hospitalières et d'envisager une planification hospitalière indépendante des enjeux et des pressions politiques partisanes. Ces raisons ont motivé des médecins à constituer un comité dans le but de lancer un référendum. Il s'agissait de remanier cette loi inadaptée aux besoins d'une médecine de pointe et aux exigences d'un marché intercantonal concurrentiel dès 2012. Le verdict cinglant et sans appel du Ministère public, réhabilitant en tous points le professeur Savioz, démontre à l'envi que le fonctionnement de la direction actuelle du RSV empêche toute culture de l'analyse objective et de la remise en question. Il faut absolument, si l'on ne veut pas revivre d'autres gâchis humains, introduire dans la nouvelle loi des changements structurels tant au niveau de la planification hospitalière que de la direction du RSV en donnant plus de place aux représentants des professionnels de la santé. L'inscription de ces changements dans la loi nous donnera une garantie juridique. Ceci nous évitera d'être à la merci de promesses faites par les personnes responsables du départ de nombreux soignants et médecins cadres. La loi incomplète et déficiente qui vient d'être acceptée par le Grand Conseil va modeler le paysage sanitaire pour de nombreuses années. Ayons le courage de la refuser afin de la refondre avec la vision des auditeurs consultés pour mieux affronter les défis qui nous attendent. *RSV: Réseau Santé Valais. *COGEST: Commission de gestion.
par Dr Bernard Barras, Sion membre du comité référendaire contre la LEIS