courrier des lecteurs

Nucléairophobie

6 nov. 2016

On définit généralement le crime contre l'humanité comme « l'assassinat, l'extermination, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre toutes les populations civiles ». Dès lors je me demande à quel point cette définition peut être appliquée au nucléaire en termes de conséquences.

Pour prendre l’exemple le plus proche, au-delà du risque d'irradiation, la catastrophe nucléaire de Fukushima a également causé le déplacement de plus de 160.000 personnes. Les radiations pourraient provoquer 10.000 cancers de plus dans la population japonaise. 300.000 enfants n'excédant pas l'âge de 18 ans subissent régulièrement des radiographies préventives depuis la catastrophe. La thyroïde est en effet l’un des organes du corps humain les plus radiosensibles, notamment pendant l'enfance. Medialab de Sciences Po Paris, estime que Fukushima est responsable de 1.979 décès non comptabilisés officiellement depuis le 11 mars 2011 et ce nombre ira crescendo. Faisons un rapide décompte avec des statistiques optimistes de 25.000 morts de la catastrophe de Tchernobyl et 346.000 personnes déplacées. Finalement oublions aussi qu’un des premiers accidents nucléaires a eu lieu en Suisse à Lucens en janvier 1969.

Dès lors, pour faire écho au débat actuel de la sortie du nucléaire, je peux simplement constater que tout ce qui n’aurait jamais dû se produire se produisit. Certains politiques, spécialistes du nucléaire, exploitants nous servent certainement le même langage pré- apocalyptique sécuritaire et de précarité annoncée qu’en Russie ou au Japon.

Pour conclure il m’arrive même de me demander si un Dieu miséricordieux contemporain ne nous léguerait pas un commandement supplémentaire, « tu n’utiliseras pas le nucléaire », tant l’origine et la pratique de cette technologie insulte la nature humaine, par ses conséquences négatives, en particulier au niveau de la durabilité de celle-ci. Il est d’usage de combattre ses phobies, je ne prendrai pas le risque du combat cette fois en votant oui à la sortie du nucléaire du 27 novembre prochain. Entre le courage et la prudence, deux vertus cardinales, il y a certainement un pas à faire pour que l’autre s’annule, ce pas le nucléaire l’a déjà fait.

David Guglielmina

par David Guglielmina, 1920 Martigny