courrier des lecteurs

Minarets: Ne faisons pas aux autres ce qu'on nous a fait

5 nov. 2009

Après la défaite des cantons catholiques dans la guerre civile du Sonderbund, en 1848, pour punir les catholiques, nos chers Confédérés ont doté le pays d'une législation d'exception. C'est ainsi qu'ils ont interdit les couvents de jésuites, la création de nouveaux diocèses, le port de la soutane en dehors des cantons catholiques. Je me souviens d'avoir accompagné un père capucin, en bure, au Comptoir de Lausanne, tout un problème: injures, crachats... En ville de Genève, capitale du calvinisme, on a interdit la construction de clocher, ce signe de l'invasion des catholiques en terre protestante. C'est ainsi que l'église Notre-Dame, située à proximité de la gare Cornavin, est probablement, sur terre, la seule église néogothique sans clocher ni cloche. De même à Lausanne, l'église catholique du Valentin n'a reçu son clocher qu'en 1935 et il a fallu que les Vaudois aient la "gentillesse" de changer leur loi. Il a fallu plus d'un siècle pour que cette discrimination soit supprimée par une votation populaire en "expulsant" ces articles honteux de notre Constitution fédérale. L'exclusion et la discrimination de tous ceux qui ne sont pas comme nous ne sont pas tolérables. Jacques Chessex, qui vient de nous quitter, nous a rappelé la sordide histoire de ce juif de Payerne, froidement assassiné par des admirateurs de Hitler, simplement pour l'exemple. Fasse le ciel, le nôtre et celui d'Allah, que ces temps ne reviennent pas! Nous avons été chercher des Turcs pour la fonderie d'Ardon, et si nous accueillons des musulmans c'est pour faire notre boulot et financer notre AVS. Laissons-les libres de nous rappeler qu'ils sont ici et qu'ils ont aussi un Dieu, c'est juste une question de nom. Il faut se souvenir de notre histoire de minoritaires catholiques, accusés aussi de prosélytisme et de mettre en danger l'équilibre religieux de notre pays, avant de répéter cette triste opération en interdisant les minarets. Un Messie pour nous, et un prophète pour eux, n'a-t-il pas dit: "Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas que l'on vous fasse!"? Cela vaut bien aussi pour "ce que l'on vous a fait".
par Bernard Attinger, PCS, Sion