courrier des lecteurs

Les Verts valaisans et les votations du 24 novembre

1 nov. 2013

OUI à l'Initiative 1:12 pour des salaires équitables Pour limiter les salaires abusifs d'une petite minorité de top managers. En disant que le salaire le plus élevé ne peut pas être supérieur à douze fois le salaire le plus bas, l'initiative 1 :12 ne touche quasiment pas le Valais. A l'échelle suisse, sur les 300'000 entreprises qui font le tissu économique de notre pays, seules 1000 entreprises sont visées, principalement de grandes entreprises globalisées, dont les tops managers ont fait exploser leurs rémunérations ces vingt dernières années : ainsi en 1989, Robert Studer, directeur général de l'UBS déclarait une rémunération de Frs. 850'000. Ses successeurs ont vu leur salaire passer à 2.1 millions pour Mathis Cabiallavetta et à 24 millions en 2005 pour Marcel Ospel. Cela est d'autant plus choquant dans le cas d'espèce que la gestion calamiteuse de la Banque a nécessité l'intervention de l'Etat pour la sauver de la faillite. Malgré les belles promesses, le constat est là : l'autorégulation ne fonctionne pas et la population ne comprend plus les dérives d'une petite minorité qui ont perdu le sens des réalités. Il appartient dès lors au politique de fixer aujourd'hui de nouvelles règles du jeu afin d'éviter les abus. Le peuple l'a récemment encore rappelé en acceptant l'initiative MINDER sur les parachutes dorés. L'Etat libéral tel qu'il existe aujourd'hui en Suisse n'est pas remis en cause. Les salaires continueront d'être librement fixés, soit dans le cadre du partenariat social soit de façon unilatérale par l'employeur. Aujourd'hui déjà,le rapport 1:12 est souvent appliqué et accepté. L'initiative ne devrait donc pas poser de problème pour sa mise en application. Pas de crainte pour l'AVS et les ressources fiscales. Les opposants à l'initiative agitent le drapeau de la peur en parlant de pertes possibles pour l'AVS et les impôts. Ces chiffres sont cependant contredits par d'autres études, notamment celle de l'institut de recherche conjoncturelle de l'EPFZ (KOF). Les Verts sont en outre convaincus que d'éventuelles pertes pourront être compensées si l'initiative fédérale sur un salaire minimum à 4000 francs devait être acceptée l'année prochaine par le peuple. Les Verts valaisans soutiennent d'ores et déjà cet objectif qui est complémentaire à celui de l'initiative 1:12 qui vise les abus des très hauts revenus. NON à l'initiative UDC pour les familles L'initiative populaire demande que les parents qui gardent eux-mêmes leurs enfants bénéficient d'une déduction fiscale au moins égale à celle accordée aux parents qui confient la garde de leurs enfants à des tiers. La liberté de choix en matière de garde des enfants est une exigence importante des Verts, mais tous les parents n'y ont pas accès, surtout ceux qui ont des bbas revenus et qui n'ont pas le choix de travailler tous les deux. C'est le cas notamment des familles monoparentales qui constituent aujourd'hui la moitié des familles. Les Verts refusent cette initiative car il faut d'abord promouvoir cette liberté avec des mesures concrètes comme le développement de postes de travail à temps partiel, le développement du job-sharing, le congé parental et le travail à domicile. Ainsi les mères et les pères pourront organiser la garde des enfants conformément à leurs conceptions et à leurs besoins. De plus la déduction fiscale proposée par l'initiative favorise nettement les personnes aisées car les familles à revenus moyens et bas, celles donc qui ont besoin d'aide, ne profitent pas de cette déduction fiscale. Enfin, l'initiative provoquerait une importante perte de recettes fiscales alors que les moyens manquent déjà pour construire de nouvelles crèches. Les Verts demandent par conséquent, pour soutenir les familles, l'attribution de moyens comme l'introduction d'un salaire minimum, l'augmentation des allocations familiales et des prestations complémentaires. NON à l'augmentation de la vignette autoroutière à 100 francs Les Verts sont en principe favorables à une hausse du prix de la vignette autoroutière afin de couvrir les frais d'entretien du réseau national, mais ils rejettent le projet tel que proposé, pour les raisons suivantes. Une augmentation à 80 francs aurait suffi pour ajuster à la réalité routière la mission de la vignette, à savoir l'entretien des routes et non leur développement. Or, en poussant l'augmentation de la vignette à 100 francs, les chambres ont avalisé l'extension du réseau routier suisse, ce qui est contraire à une politique de mobilité écologique et favorise l'étalement urbain. Les recettes générées par la vignette autoroutière alimentent exclusivement la tirelire de la construction routière. La vignette restant forfaitaire, cette augmentation ne freinera pas le développement du trafic individuel motorisé et ne va pas dans le sens d'un transfert de la route vers le rail. Que l'on roule peu ou beaucoup, son prix reste le même. Dès lors, l'augmentation de la vignette n'a aucun effet dissuasif ou incitatif. Une augmentation du coût marginal de l'utilisation des routes et autoroutes serait clairement plus efficace.
par Jean-Pascal Fournier, président des Verts valaisans