courrier des lecteurs

LAT: le nord contre le sud

14 févr. 2013

Après la Lex Koller et la Lex Weber, la LAT; une énième votation qui va diviser la Suisse entre la vieille bourgeoise genevoise soucieuse de sa villégiature hivernale et le montagnard bagnard soucieux de sa pérennité patrimoniale, diviser entre le jeune couple zurichois bobo qui veut protéger ces lieux où il n'a jamais mis les pied mais qui, au moins, justifie l'achat dispendieux de ce 4x4 inutile et le chômeur tessinois qui, plein de désespoir, rêve de trouver un job pour payer les 38 dernières annuités de son hypothèque tout en continuant à nourrir, dans l'ordre, son alcoolisme, son chien, sa femme et ses deux mioches. Mais, surtout, une votation qui va diviser entre cantons du nord et cantons du sud. Le nord et le sud, voilà bien un partage géographique qui n'aura jamais réussi au second. Pour preuve: yankees progressistes contre cultivateurs esclavagistes, colonialistes européens contre crève-la-faim africains ou, plus récemment, moralistes bruxello-germaniques contre gaspilleurs des ressources publiques méditerranéens. Voilà une tendance fortement ancrée dans l'histoire de nos sociétés que cette jalousie météorologique. Le nord qui a déjà tout: argent, abondance de nourriture et de belles femmes (...) veut donc se venger de ne pas posséder, en plus, le soleil. Evidemment comment en vouloir à ceux qui passent l'essentiel de l'année dans la brume alors que certains profitent d'un climat de vacances chaque jour? Et finalement, cela n'est que justice, vie prospère par temps pourri ou vie pourrie par beau temps. Des choix dérisoires font certainement tout l'intérêt d'une vie qui ne l'est pas moins. L'histoire ayant déjà décidé pour nous du verdict des urnes, je décide donc de laisser les politiciens, les militants écolos et autres petits propriétaires s'agiter à coup de verbiages superflus; et je prends mon bonnet, mes skis et ma carte bleue pour aller me détendre jusqu'au 3 mars dans l'un de ces magnifiques restaurants de station dont l'altitude n'est égalée que par le niveau stratosphérique des prix des mets que l'on y sert.
par Arnaud Morard, Saxon