courrier des lecteurs

Les nouvelles énergies renouvelables et l'avenir de l'hydroélectricité

6 nov. 2012

Les importantes subventions accordées actuellement aux aménagements de production des nouvelles énergies renouvelables vont poser de graves problèmes au maintien et au renouvellement des installations des aménagements hydrauliques. Dans les années 1990, les sociétés propriétaires d'aménagements hydroélectriques ont passé par des moments très difficiles. Le prix de l'énergie électrique ayant chuté fortement, ces sociétés n'étaient plus en mesure d'amortir leurs installations. On parlait à ce moment là «d'investissements non amortissables» (INA). La production d'énergie sur le marché était excédentaire et l'évolution de la consommation plutôt faible. On a assisté durant cette période à des ventes d'installations hydrauliques par de nombreuses sociétés qui, craignant de devoir affronter de graves difficultés, se sont débarrassé de ces installations taxées à hauts risques. C'est ce qui s'est passé par exemple, au sein du groupe Alu/ Lonza de l'époque. Cette situation n'a heureusement pas duré longtemps, le prix de l'énergie s'est redressé et les choses sont rentrées dans le bon ordre. Aujourd'hui, on va assister à une répétition de ce scénario provoqué par l'application de mesures politiques particulières. En effet, la Confédération a décidé de sortir du nucléaire et souhaite compenser la disparition de cette part d'énergie par la production d'énergie renouvelable provenant entre autre d'installations solaires et éoliennes fortement subventionnées. En Europe, l'Allemagne en particulier a développé à grande échelle les énergies renouvelables qu'elle subventionne très largement. Le marché de l'électricité est depuis longtemps ouvert et internationalisé. Actuellement il est complètement déstabilisé et les prix de cette énergie fluctuent au gré de l'intensité des vents et du rayonnement solaire. Ainsi, on enregistre des prix qui varient du simple au double d'un jour à l'autre à la même heure en fonction des conditions atmosphériques du moment. En outre, il faut souligner avec force qu'aucun de ces aménagements de production de nouvelles énergies n'est en mesure d'assurer la continuité et la sécurité d'alimentation des consommateurs. Il faudra quand même toujours pouvoir compter sur une production plus sure et à disposition à tout moment comme l'est en particulier l'hydroélectricité grâce à ses barrages. Or avec la politique qui est menée actuellement, on risque de porter un coup fatal à l'industrie hydroélectrique fortement développée en Suisse. En plus, au moment du retour des concessions hydrauliques il s'agira, en application de la législation en vigueur, de doter nos rivières de débits minimums plus importants ce qui va diminuer sensiblement la production de chaque aménagement et ainsi renchérir encore son prix de revient. Avec des productions d'énergie électrique aléatoires provenant de nouvelles énergies renouvelables on inonde le marché à des prix cassés grâce aux subventionnements publics et à l'incitation de certains pour un subventionnement par les privés. Ainsi, on prépare le démantèlement de l'industrie hydroélectrique qui ne sera plus à même de maintenir et renouveler ses installations à l'avenir. Il faudra bien assurer dans la stratégie énergétique fédérale en gestation, un équilibre entre les différentes sources d'énergie et faire en sorte que la force hydraulique puisse se maintenir, se renouveler et assurer le service indispensable que l'on attend d'elle encore à l'avenir. Actuellement, on navigue à vue au gré de l'intensité des vents et du rayonnement solaire et en plus, on est en train de se tirer une balle dans le pied!
par Félix Dayer, Sion