courrier des lecteurs

Mourir dans la dignité sans suicide assisté

16 mai 2019

Une des motivations des membres d’associations d’aide au suicide est de «mourir dans la dignité». Cela signifierait-il qu’en Suisse, il faille passer par le suicide assisté pour mourir dans la dignité?

Pour avoir offert bénévolement un peu de mon temps à l’accompagnement des personnes en fin de vie à domicile, à l’hôpital, au home, j’ai eu le privilège d’accompagner de nombreuses personnes jusqu’à leur dernier souffle. Jamais, je n’ai perçu de mort indigne grâce aux bons soins du personnel soignant qui œuvre avec professionnalisme et bienveillance auprès des mourants.

Les séminaires de formation à l’accompagnement de personnes en fin de vie nous apprennent, entre autres, que nous avons des «outils» essentiels: le regard posé sur la personne, un regard d’amour chaleureux, de compassion. De même pour le toucher, un toucher respectueux, apaisant, des mains qui se tiennent pour rassurer. Des moments émotionnels intenses durant lesquels de belles réconciliations familiales ont pu se faire, des rapprochements de l’entourage que la vieillesse, la maladie, la rancune avaient éloigné. De tels moments auraient-ils pu avoir lieu en cas de suicide assisté?

Autres questions à se poser: ne serait-ce pas un manque de disponibilité, d’empathie ou la solitude qui pourrait pousser une personne à l’échappatoire du suicide assisté? L’argent ne pourrait-il pas aussi en être le vecteur pour ne pas être à la charge de ses enfants qui croulent déjà sous leurs propres charges financières familiales?

Les vraies réponses à ces questions nous concernent tous, tant l’individu par ses choix de vie que les politiciens qui endossent la lourde responsabilité des lois qu’ils érigent et des conséquences qui en découlent sur la liberté des uns qui s’arrête là où commence celle des autres.

par Germanier Francine, 1955 Chamoson