La Suisse vue de France

Vous souvenez vous de cet article écrit et signé par Yann Moix, vague journaliste pigiste au "Figaro", sûrement le meilleur quotidien français, ce monsieur déversait un flot de bile sur votre pays, accablant de tous les mots les Suisses et leur secret bancaire. Il était à l'époque vain de polémiquer face a cet article ignomineux mais qui a laissé des traces chez bon nombre d'Helvètes ce que je comprend aisément car je m'étais aussi senti honteux pour ce sinistre personnage. L'autre jour je relisais un roman de Pascal Bruckner, romancier, essayiste, philosophe, qui dans un paragraphe de "Qui de nous deux inventa l'autre" paru chez Gallimard en 1988 faisait dire a un des deux personnages de son ouvrage "Il aimait la Suisse qui combine les génies latin, français et germanique pour former une entité à bien des égards exempte du chauvinisme des grandes nations. Dans sa mythologie personnelle, elle figurait comme le téton de l'Europe, répandant sur les pays voisins miel, ambroisie et produits lactés. Les billets de banque helvétiques, avec leur consistance craquante, infroissable, leur prospérité palpable, au contraire du papier coloré des coupures françaises, du tissu chiffonné des dollars américains, lui semblaient préjuger de la stabilité de leur union" et pour rendre a ce court récit tout son sens "Julia faisait partie de cette contrée de l'âge d'or où de belles jeunes femmes blondes lui souriaient:une parenthèse de bien-être et de sensualité dans un univers en proie au chaos." Voilà, j'ai moins honte!