courrier des lecteurs

En réponse à la psychologue du carnaval

2 mars 2012

J'ai été vraiment surpris par votre courrier des lecteurs du 29 février dernier où vous fustigez de votre regard parisien les festivités carnavalesques de notre région. Certes, certains enfants n'apprécient pas d'être déguisés ou maquillés à l'occasion du carnaval, et personne ne saurait les blâmer. Par contre, beaucoup apprécient d'allumer des pétards, de se déguiser en animal, sorcière ou princesse, pirate ou gangster, et pour eux cette fête annuelle est un passage apprécié en prélude à la fin de l'hiver. Sans nier le traumatisme que vous avez vécu lors de votre récent passage en Valais, je me permets de vous expliquer que le carnaval est une fête chrétienne célébrée juste avant le carême. Dans nos sociétés où la laïcité s'est imposée comme mode d'organisation de la société, cette fête ancestrale permet de sortir de son costume habituel pour se glisser l'espace de quelques heures dans la peau d'un être de fiction. Je ne crois pas aux cauchemars généralisés et je doute fort que la santé physique et psychique de nos enfants soit perturbée par le carnaval. Un ami qui travaille en terre genevoise me rappelle régulièrement qu'en Valais nous avons la chance d'avoir le carnaval, et pour les autres il reste les psychanalystes. Mais je peux facilement comprendre que si des parents suivent vos réflexions, vos cabinets ne sont pas près de désemplir. A Saint-Maurice, se tiendra du 8 au 12 février 2013 le 163e carnaval agaunois. Si vous deviez être dans notre région à cette époque, je me ferai un immense plaisir, avec mes soixante-deux contemporain-e-s, de vous faire découvrir de l'intérieur l'essence même d'un carnaval familial authentique, où hommes, femmes et enfants s'amusent joyeusement dans un respect mutuel et une joie de vivre communicative, où les confettis pleuvent et les sourires désarment, où le Prince ou la Princesse règne sur la ville dans l'admiration générale, et, depuis le temps que ça dure, où les seuls vrais bobos sont un léger refroidissement ou une nostalgie certaine de devoir attendre une année avant que ça ne recommence.
par Pierre-Benoît Veuthey, Saint-Maurice