courrier des lecteurs
Bébés hors mariage: la Suisse en marge
25 janv. 2008
En 2007 et pour la première fois, les naissances hors mariage ont été majoritaires en France (50,5%). Dans les pays scandinaves, ce taux grimpe jusqu'à 60%. En Suisse, la proportion reste faible; on compte environ 18% d'enfants conçus hors mariage. Explication avec Eric Widmer, professeur de sociologie à l'Université de Genève.
Comment comprendre ce grand écart entre les pays européens?
Même dans les pays catholiques, la tendance est à la hausse, comme en Espagne, où le taux atteint 27%. La différence s'explique surtout par les politiques familiales mises en place. Pourquoi la Suisse est-elle tellement en retrait? Le taux de naissance hors mariage est sensiblement plus bas depuis le XIXe siècle; déjà en 1870, il était de 10% contre 25% ailleurs en Europe. J'y vois, au niveau local, la forte influence des religions. Par ailleurs, l'idée de responsabilité individuelle était forte à cette période, il ne fallait en aucun cas tomber à l'assistance sociale. Le taux a ensuite évolué en dent de scie au cours du XXe siècle et augmenté doucement depuis les années 1970.
Et aujourd'hui? Le mariage a surtout une dimension instrumentale. On est dans un système de politique familiale libérale; il offre une garantie pour le père dont le statut légal est très faible. Hors mariage, il a peu de droits, et l'enfant ne porte pas son nom. Il faudrait une modification de la législation pour voir évoluer significativement le taux.
par Louis Perruchoud, Réchy-Chalais