courrier des lecteurs

Bâtiment - Défendre les travailleurs

22 août 2007

S'il y a bien une catégorie de la population que le monde politique oublie trop souvent de défendre, ce sont les travailleurs, notamment les travailleurs du bâtiment. Mais la situation est aujourd'hui si grave qu'elle mérite un article, une prise de conscience. La détérioration des conditions de travail risque en effet de toucher tous les travailleurs de ce pays. Depuis plusieurs mois déjà, l'aile dure de la Société suisse des entrepreneurs SSE désirait arriver à une flexibilisation quasiment illimitée de la durée du travail dans le domaine du bâtiment. Le grand patronat voulait plus exactement que les travailleurs endossent seuls les risques dus aux heures chômées à cause des intempéries et autres pannes techniques. Devant le refus des syndicats, l'assemblée des délégués de la SSE a résilié le 23 mai la convention nationale CN. Ce chantage sans compromis est tout à fait inadmissible et aura de graves conséquences sur le secteur de la construction. En effet, la résiliation de la convention nationale ouvre grande la porte au dumping salarial et social sur les chantiers. Aujourd'hui déjà, la sous-enchère salariale frappe le secteur de la construction mais de nombreux abus ont pu être découverts et punis grâce aux contrôles prévus par la convention nationale. Sans cette dernière, il faudra s'attendre à une situation chaotique sur les chantiers. De plus, de nombreux acquis sociaux obtenus par des années de lutte ne seront plus assurés. Il n'y aura donc plus de salaire minimum ni de 13e salaire pour les travailleurs du bâtiment. Dans le même sens, la retraite anticipée ou encore le versement du salaire en cas de maladie ne seront plus assurés. De nombreux licenciements auront lieu pour réembaucher ensuite des ouvriers au rabais. Cette résiliation de la convention nationale marque la fin de la protection pour ces travailleurs et remet clairement en cause la paix du travail. Cette situation ne sera vivable pour personne. L'Allemagne en est la preuve. En effet, le marché allemand était complètement dérégulé, ce qui créa une baisse des conditions de travail et des standards de qualité. Les entrepreneurs eux-mêmes s'en sont rendu compte et des limites ont été mises. Cette résiliation de la convention nationale aura donc de graves conséquences sur les ouvriers de ce pays. Mais tous les patrons honnêtes souffriront également de cette situation puisqu'ils ne pourront faire face à une concurrence engageant de la main-d'œuvre étrangère pour 10 francs de l'heure. C'est donc tout le secteur du bâtiment qui sera gravement touché par cette résiliation, et non uniquement les ouvriers. De plus, cette résiliation de la convention nationale ne sera sans doute que la première d'une longue série. Le grand patronat suisse s'en prendra bientôt à d'autres secteurs s'il n'y a pas de réaction. Dans ce sens, de par mon action politique, je tiens à m'engager résolument pour tous les travailleurs de ce pays, pour tous ceux que les politiciens oublient si souvent de défendre. C'est bien là le cœur de mon engagement!
par Mathias Reynard, président des Jeunes socialistes du Valais romand JSVR, Savièse