courrier des lecteurs

Désobéissance civile - objection de conscience

15 janv. 2020

«Désobéir, ce n’est pas bien», voilà ce que notre cerveau a enregistré quand nous étions enfants et gardé par la suite. Or le «pas bien» a une résonance éminemment morale. Dès lors, le simple fait d’évoquer la désobéissance civile provoque de l’urticaire à beaucoup de personnes.

Entre 1968 et 1996 plus de 12 000 jeunes Suisses ont «désobéi» en refusant de faire l’armée. Acte illégal donc immoral? Face aux quatre à huit mois de prison encourus et aux futures discriminations (embauche notamment), le but n’était pas la désobéissance en soi, mais de suivre sa conscience intime pour des raisons politiques, morales et/ou religieuses: «Mon système de valeurs m’oblige à suivre une autre voie.»

Dès lors, il semble plus adéquat de parler d’objection de conscience que de désobéissance civile. Le Conseil national n’a pas réhabilité les objecteurs de conscience et c’est regrettable car cela aurait été en quelque sorte une reconnaissance de la moralité de leur acte.

Les récentes actions illégales des militants pour le climat, même si elles diffèrent de celles des objecteurs précités, posent des questions similaires. Les partisans des sanctions évoquent le respect de l’Etat de droit. Mais beaucoup d’autres pays exigent le même respect… En tant que démocratie, notre pays peut invoquer l’état de nécessité licite.

Toutefois, il importe aux militants de bien cibler: s’il ne fait guère de doute que leur intention est morale car guidée par le bien commun, il est probablement plus efficient de faire passer le message «ce qui est légal n’est pas forcément moral» que «ce qui est illégal peut devenir licite». Petites sanctions appliquées ou non, l’heureux sursaut moral constaté face aux enjeux planétaires ne fait que se renforcer.

par Alain Kohler, Sion