courrier des lecteurs

Aviations et émissions de CO2

23 mars 2019

Certaines compagnies se vantent d’avoir une efficience (CO2 par passager par km) toujours meilleure et n’hésitent pas à se taxer d’écologiques… Elles ne le sont pas pour au moins deux raisons. 

La première est que les chiffres indiqués sont incomplets car ils ne tiennent pas compte des émissions en haute altitude d’oxydes d’azote et de vapeur d’eau, celle-ci entraînant la formation de traînées de condensation, ce qui augmente indirectement l’effet de serre. Dans la pratique, on multiplie les données des compagnies par au moins un facteur deux. On retiendra en moyenne une efficience de 200 g de CO2 équivalent par passager et par km: c’est environ 1,5 fois plus qu’une voiture avec une seule personne et six fois plus qu’une voiture avec quatre personnes! Sans parler du train! 

La deuxième raison est bien plus grave: une amélioration de l’efficience, fortement médiatisée, a souvent comme conséquence de rendre la compagnie plus attractive (en écologie cela se nomme l’effet rebond). Celle-ci ne s’en cache d’ailleurs pas mais est plus discrète sur les émissions totales de CO2: ainsi, les émissions pour EasyJet ont plus que doublé en dix ans, passant de 2,7 millions de tonnes en 2005 à 6,1 millions de tonnes en 2015! 

Or, la planète n’a que faire de l’efficience, les dégâts sur elle proviennent des émissions totales. La forte croissance du secteur aérien est donc bien un gros souci pour le climat.

par Kohler Alain, Sion