courrier des lecteurs

Silence, on tue!

23 nov. 2010

Un des partis gouvernementaux, le Parti socialiste pour ne pas le nommer, inscrit dans son programme politique la dissolution de l'armée suisse. Et la Suisse se tait, dans l'indifférence générale. Bien sûr, il y a bien d'autres sujets politiques plus pressants, plus préoccupants que cette bonne vieille armée, fruit d'une guerre froide terminée depuis longtemps. L'histoire est un cercle qui se répète sans fin. Tout a été dit, vécu. "Vanité des vanités, tout est vanité", disait déjà L'Ecclésiate. En réalité, le jeu consiste à savoir sur quelle partie du cercle l'on se trouve. Sommes-nous dans la France de l'entre-deux-guerres? La der des ders, absurde guerre, est une époque révolue. Nous allons vers des temps modernes où cette barbarie ne pourra plus se reproduire. Dansons, jouons, réduisons l'armée à sa plus simple expression, son budget doit être transféré à des domaines plus utiles. Ainsi raisonnait la bonne société sociale française. Alors que pendant ce temps, dans le pays du frère réconcilié, raisonnait tout autrement un certain Adolf. Sommes-nous quelques années plus tard, le 16 mars 1939 plus précisément, à l'aube d'une nouvelle guerre qui semblait pourtant si improbable il y a quelque temps seulement? Ce jour-là, un politicien parle. Il est Suisse, il est conseiller fédéral et s'appelle Hermann Obrecht. Devant la Nouvelle Société helvétique, il prononce ces fières paroles: "Que l'étranger le sache: quiconque nous laisse en paix, est notre ami. Par contre, dès que l'on touchera à notre indépendance et à nos institutions politiques, ce sera la guerre! Les Suisses n'iront jamais en pèlerinage à l'étranger." Fin 2010, le Parti socialiste veut abolir l'armée suisse. Vous avez entendu parler un conseiller fédéral? Un autre politicien? Le seul son perceptible, c'est le tic-tac des réveils de fabrication alquaïdienne cachés dans les collis postaux. Et bien, le réveil risque d'être bruyant! Alors que faire si ce n'est prendre sa plume et tenter, bien modestement, d'écrire ce petit mot: merde!
par Gilles Vuignier, capitaine d'artillerie de milice, Sion