courrier des lecteurs

Scolarisation des sans papiers: une fronde salutaire

27 mai 2013

En remettant en question la scolarisation des enfants de sans-papiers et en laissant entendre que les enseignants devaient dénoncer les cas dont ils avaient connaissance, Oskar Freysinger a commis un faux pas significatif. S'appuyant sur le droit, les milieux suisses et valaisans de l'instruction publique ont immédiatement réagi. Le coup d'éclat du nouveau conseiller d'Etat en charge de l'éducation, démenti sans vergogne un jour plus tard, méprise en effet la Constitution et plusieurs conventions internationales, à commencer par celle relative aux droits de l'enfant. Une convention, ratifiée en 1996 par l'Assemblée fédérale, dont l'article 2 est on ne peut plus clair: « Les Etats prennent toutes les mesures appropriées pour que l'enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique de ses parents ». En 2010, suite à une interpellation de l'UDC, le Conseil fédéral avait clairement indiqué que les étrangers en séjour illégal ont un certain nombre de droits garantis par la Constitution, notamment la scolarisation de leurs enfants dans l'école obligatoire. Il conservera cette position, conforme au droit international. Le principe de la scolarisation des enfants de parents sans papiers est également appliqué sans exception par les directions cantonales de l'instruction publique, qui ont réitéré leur détermination de poursuivre dans cette voie suite aux propos tenus par le magistrat UDC. Des personnalités, syndicats d'enseignants et partis politiques valaisans ont immédiatement dénoncé la proposition d'Oskar Freysinger. Il faut, dans cette affaire, saluer la fermeté avec laquelle ces milieux ont réagi. Ils ont montré que beaucoup, en Valais, à commencer par les enseignants et les employés de la fonction publique en charge de l'éducation, ne sont pas prêts à violer les droits de l'enfant simplement parce qu'un nouveau magistrat ignore quelles sont ses responsabilités.
par Nadia Boehlen, porte-parole de la Section suisse d'Amnesty International