courrier des lecteurs

Préservatif et sida

24 mars 2009

Le préservatif est un bon moyen de se protéger du sida. Mais ce n'est pas le seul. Dans les années 1980, le professeur Luc Montagnier, découvreur du virus HIV, affirmait: "Nous pourrions enrayer cette épidémie si la plupart des personnes n'avaient pas plus de quatre partenaires au cours de leur vie sexuelle." L'Unesco insiste, quant à elle, sur l'éducation: information, prévention intégrant le préservatif, encouragement à retarder l'âge des premiers rapports, à réduire le nombre de partenaires. Le 1er décembre 2008, M. Koïchiro Matsuura, directeur général de l'Unesco, déclarait: "De nombreuses études montrent que, dès qu'ils sont bien informés, les jeunes peuvent modifier leur comportement... Dans les pays où de gros efforts d'éducation préventive sont faits, les données montrent que les jeunes sont bien plus susceptibles de reculer l'âge de leurs premiers rapports sexuels et d'utiliser des préservatifs dès ce moment." Mettre un préservatif suppose une certaine maîtrise de soi, dans un moment très particulier. Et la pulsion sexuelle n'a que faire de cet artifice. Les campagnes répétitives invitant à "sortir couvert" prouvent que le message s'oublie vite, même chez nous: les infections, qui avaient diminué entre 1997 et 2000, sont remontées depuis. En ce qui concerne l'Afrique, si tragiquement touchée, qui assurera l'accès à des préservatifs de qualité dans tous les villages et dans la brousse? Qui garantira qu'ils seront utilisés systématiquement? Qui les paiera? Sans éducation à la maîtrise de soi et à une sexualité responsable, sans modification des comportements, sans changement des mentalités poussant à une consommation sexuelle sans frein, le préservatif aura des effets limités. Ceux qui ne jurent que par lui et négligent les autres moyens de combattre le sida sont de mauvais apôtres de la prévention. Ceux qui reprochent au pape et à l'Eglise catholique de miser sur l'éducation et sur la responsabilité, sur la solidarité avec les malades, sur le dépistage et sur les soins, plutôt que sur le seul caoutchouc, se trompent de cible.
par Michel Salamolard, Sierre