courrier des lecteurs

Micheline roule pour la Suisse

25 nov. 2009

N'en déplaise aux partis nationalistes et certains journalistes, Micheline Calmy-Rey roule pour la Suisse. Croire que, de nos jours, c'est en se barricadant derrière des frontières et en refusant toute concession qu'on défend les intérêts de son pays, c'est complètement dépassé. La Suisse n'est pas une île se suffisant à elle-même et qui ne demande qu'à être laissée tranquille: la Suisse est très intégrée à l'économie européenne et mondiale; son secteur d'exportation est florissant; son secteur bancaire est beaucoup plus important que ce que justifient les besoins internes du pays. L'intérêt de la Suisse, ce n'est pas de faire le gros dos, c'est de négocier avec ses partenaires. Et n'oublions pas que si jusqu'ici nous avons bien pu profiter de leurs divisions, cette époque est révolue, comme l'est la règle d'unanimité qui paralysait l'Europe. A écouter certains, l'Europe serait une puissance totalitaire! Si c'était vrai, alors la Suisse le serait encore plus: le pouvoir central suisse est plus puissant par rapport aux 26 cantons que le pouvoir de Bruxelles par rapport aux 27 Etats membres de l'Union européenne. Continuer à présenter l'Union comme l'ennemi de ses Etats membres, surtout de ses petits Etats, c'est simplement ridicule: aucun pays ne cède de son indépendance pour le plaisir. Si l'Europe se construit, c'est par nécessité face au reste du monde. En se mettant ensemble, c'est leur avenir que les Européens défendent. Dénigrer le Conseil fédéral parce qu'il aurait bradé les intérêts de la Suisse, c'est un peu facile. La Suisse a si bien profité du secret bancaire qu'elle s'est mise à dos la plupart de ses voisins, qui en ont marre que leurs riches cachent leur fortune chez nous ou ailleurs. Le Conseil fédéral n'avait pas d'autre choix. Alors, prenons-en acte et tournons-nous vers l'avenir. Et l'avenir ce ne sera pas tout seuls sur une île, mais au milieu de l'Europe.
par Bernard Gabioud, Parti chrétien-social