courrier des lecteurs

Lettre ouverte à Oskar Freisinger

6 juin 2013

Au Grand Conseil valaisan, j'ai eu le loisir de vous entendre, séance après séance, tenir des propos provocateurs et ironiques, dignes de l'histrion politique que vous êtes. Elu conseiller d'Etat, ministre de la Formation, vous voilà investi de lourdes responsabilités, la première consistant à surveiller son langage. Professeur Freisinger, vous ne sauriez ignorer que les mots sont des armes! Las, vous n'avez pas pu résister: encourager les enseignants et autres employés d'état à dénoncer les parents d'enfants clandestins… Une «provoc» de plus et vous avez franchi le Rubicon! Qu'importe, pourvu qu'on parle de vous! Je suis née en Catalogne et j'y ai fréquenté l'école publique. École d'Etat (franquiste) où le castillan (espagnol) était la seule langue admise. Parler catalan, la langue régionale, ma langue maternelle, était interdit. Transgresser cet interdit nous exposait à être dénoncés par des camarades (encouragés à la délation par la direction) et à subir des sanctions plus ou moins humiliantes. J'ai l'impression que ce système vous aurait convenu! En 1964 arrivée en Suisse, quel bonheur de découvrir une école où l'on respecte les différences de langue, de culture et de religion!... J'ai été, douze ans durant, municipale des Ecoles à Sierre. Je connais les enseignants et l'excellence de leur travail. Je connais aussi leur sens des responsabilités et l'éthique qui prévaut dans nos écoles et je sais qu'ils ne vont pas faire allégeance à vos facéties xénophobes. Permettez-moi d'ajouter ceci: vos déclarations affaiblissent l'autorité naturelle dévolue à votre rang de ministre! Enfin, vos dires sont, non seulement contraires aux valeurs de notre Constitution, le chrétien que vous déclarez être ne saurait ignorer que vos propos trahissent le message de l'Evangile. Monsieur le conseiller d'Etat, je vous laisse à votre examen de conscience!
par Mercedes Meugnier-Cuenca, Sierre