courrier des lecteurs

Les raisins de la colère

29 oct. 2009

Steinbeck avait écrit un roman dépeignant l'exploitation de l'homme par l'homme se rapportant aux paysans expulsés de leurs terres. L'auteur de cet écrit qui avait longuement réfléchi au titre à lui donner bénéficia de la suggestion de son épouse inspirée par les "Proverbes" de l'Ecriture sainte: "Les pères ont mangé des raisins verts et les dents des fils en sont agacées", (Jérémie 29/31 et bien d'autres résonances bibliques). Il me semble pas trop téméraire de faire un rapprochement de cet adage à la situation actuelle des pays occidentaux. Rappelons que jusqu'à la fin de la guerre 1939/1945 plusieurs pays avaient autorité sur des colonies, notamment la France, la Belgique, les Pays-Bas et surtout l'Angleterre qui, dit-on, avait un empire colonial sur lequel le soleil ne se couchait pas. Pour obtenir un plus grand rendement de leur colonie des Indes ils exigèrent le remplacement de la culture du blé, du riz, du maïs, base de l'alimentation, par du pavot destiné à la production de l'opium. Il s'est ensuivi une grande famine. L'Angleterre imposa l'achat de l'opium à la Chine qui s'y opposa; il s'est ensuivi une guerre, dite "guerre de l'opium" qui dura de 1842 à 1845, au cours de laquelle les Anglais ont investi les ports chinois pour imposer leur volonté. La décolonisation générale ayant eu lieu dès la fin de la dernière guerre, ce sont les pays où la culture du pavot avait été imposée qui, les premiers, ont empoisonné l'occident avec l'opium. Nous payons donc chèrement les effets des "raisins verts". Sur le plan économique, l'Europe occidentale n'est-elle pas en train d'être colonisée par ses anciens sujets? A témoin, ces grands chefs d'Etat qui se pressent à qui mieux mieux devant les dirigeants chinois pour tenter d'obtenir des contrats d'affaires pendant que dans notre vieille Europe le démantèlement industriel devient de plus en plus évident. La parabole des "raisins verts" ne nous éclaire-t-elle pas d'une nouvelle lueur.
par Paul Dayer, Sion