courrier des lecteurs

LCC, ou 10 ans de perdus

6 sept. 2012

Comme ancien étudiant du lycée-collège des Creusets, je suis choqué, mais non pas surpris, par les dernières décisions de la direction du collège. Il est important de reconnaitre que les résultats des derniers examens de maturité sont préocupants. Le naturel dans une situation comme celle-ci serait de faire une analyse exhaustive des causes de ce niveau d'échecs. Les propositions de la direction pour remédier au problème démontrent sans doute possible que cela n'a pas été fait. Ces nouvelles normes internes révèlent que le recteur et les membres de la direction se sont arrêtés sur la thèse la plus facile: "Les élèves n'en foutent pas une." Ce n'est pas ce que l'on peut appeler une idée originale. Leur solution manque tout autant de fraîcheur: "Il faut leur serrer la vis!" Le manque de compréhension des préocupations, voire même de la base du raisonnement des jeunes dans cet établissement n'est pas étonnante. Voilá bientot dix ans que M. Roduit dirige le LCC et durant tout ce temps, le LCC n'a fait que régresser à d'autres temps. La liberté des étudiants a été bafouée. Le recteur a lentement modelé le collège à sa personalité, à ses convictions. Il suffit de regarder quelles alternatives ont les élèves aux messes et retraites organisées dans cet établissement public. Sans plus d'exemples, je me souviens d'une conférence d'un reconnu défenseur du mouvement de "l'intelligent design" à laquelle tous les élèves, et surtout (horreur) ceux des branches scientifiques, ont été obligés d'assister. Ceci n'est qu'un bref exemple de ce que la direction veut faire de l'éducation dans notre canton: la modeler a son image, pardonnez l'expression, moyennageuse. Voilà des décennies que cette idée de professeur policier a été rejetée par tout pédagogue digne de son titre. Les études gymnasiales sont la porte aux études universitaires oú personne ne va vous dire ce qu'il faut faire. Tout au contraire, l'université ressemble plus à rouler en voiture pour la première fois dans México DC, qu'à faire le trajet Sion-Genève en train. C'est sur ce point qu'il faut comprendre que l'élève n'est pas le seul responsable des résultats obtenus par le LCC. L'établissement n'essaie pas d'éveiller la curiosité et la soif de nouvelles connaissances chez ses étudiants, mais de lui faire entrer par la force une discipline. Grave erreur! L'étudiant doit apprendre a avoir envie d'apprendre. L'encadrement, fonction des professeurs, ne doit pas être une prison pleine de normes absurdes, mais une aide à la réalisation personnelle pour être prêt à passer à l'étape suivante. Les échecs sont plus fréquents que la réussite, ils font même partie d'elle. Si un étudiant échoue, aidez-le! Prenez exemple de la double compensation des notes négatives, aberration qui existe dans notre canton. C'est une folie que personne ne comprend. Comment peut-on enfoncer les personnes en difficulté et non les aider à les surmonter? Ceci expliquerait-il la difficulté de surmonter l'épreuve de la matu? Voilà pourquoi je n'ai pas été surpris de ces dernières décisions. Elles vont dans la ligne éducative (policière) de l'établissement. Dix ans de durcissement des lois, de disminution de liberté, de perte de l'éducation pour la punition.
par Miguel Morard, Ayent