courrier des lecteurs

La Suisse n'a pas de stratégie

26 juin 2013

Actuellement, la Suisse est acculée sur le plan fiscal et bancaire par deux superpuissances: l'Europe et les Etats-Unis. Elle est isolée. Elle se sent faible et résignée. De toutes les puissances européennes qui nous ont imposé et garanti notre neutralité armée au Congrès de Vienne, en 1815, une seule n'est pas inféodée dans le contrat d'enfermement que nous subissons. C'est la Russie. Il faut lui demander d'exercer la protection dont elle nous a toujours silencieusement honorés en passant à l'acte et signer avec elle un contrat de défense et de coopération. Israël, qui n'est pas encore neutralisé comme nous, de territoire et de population comparables aux nôtres, a un grand frère. Cela lui permet tout, même d'être une puissance atomique incontrôlée. La Suisse n'a pas de grand frère mais elle occupe une position stratégique qui peut attirer des grands frères. La Chine a compris. Nous sommes au centre de l'enfermement. Nous avons, jusqu'à maintenant, la faiblesse de cette position. Mais nous pouvons en avoir la force stratégique avec une vision nouvelle. Par chance, la Russie est en parfaite complémentarité culturelle et économique avec la Suisse. La Suisse ne dispose d'aucune matière première. La Russie les a toutes. La Russie aspire à collaborer sur tous les plans technologiques, industriels, scientifiques et financiers avec l'Ouest où, sur ces plans, la Suisse est loin d'être en retard. Le Conseil fédéral, qui a négocié avec les Etats-Unis pour des pures questions d'argent, pourrait aussi négocier plus fondamentalement avec la Russie, dans le prolongement de la garantie qu'elle a consentie au Congrès de Vienne, pour le positionnement futur de la Suisse et de sa neutralité. La garantie de neutralité ne serait plus passive mais active tant sur le plan politique que sur celui de la défense. Dans les faits, nous aurions enfin un allié et nos ministres et diplomates ne seront plus moqués. Une forme d'égalité de traitement serait assurée dans le jeu de l'équilibre des forces. Lorsque l'on joue sérieusement au poker, il ne faut pas se priver d'une carte. Ni priver les autres partenaires d'une surprise.
par Wolfgang Guerraty, Sion