courrier des lecteurs

La banque à papa

3 avr. 2009

Compte tenu de la crise bancaire mondiale que nous sommes en train de vivre, il me paraît intéressant de revisiter le passé de la banque en Valais. En 1870, le premier établissement bancaire du canton, la Banque du Valais, fondée en 1856, cesse son activité suite à une faillite par concordat. En 1896, une Caisse hypothécaire est créée qui deviendra, en 1916, la Banque Cantonale du Valais. A parti de 1871, de nombreuses banques privées sont crées sur tout le territoire du canton, de Monthey à Brigue. Elles auront un rôle important à jouer jusqu'en 1956, année de l'implantation, en Valais, des grandes banques suisses telles que le Credit Suisse, la Société de Banque Suisse et l'Union des Banques Suisses qui vont, en moins d'un quart de siècle, absorber tous les établissements bancaires du canton qui avaient survécu à la grande crise de 1929 à 1939. Mais revenons en arrière. En 1867, l'agent de la Banque du Valais, à Martigny, soucieux de ne pas faire perdre à ses clients l'argent qu'ils ont déposé dans sa succursale, reprend, à son compte, les actifs et les passifs de ces derniers et fonde la première banque privée du Valais, qui subsistera jusqu'en 1968, date à laquelle elle sera reprise par la Société de Banque Suisse. La crise de 1929 sera fatale à la plupart des banques privées du canton qui, de 1930 à 1936, feront faillite et dont plusieurs responsables, ruinés comme leurs déposants, mettront fin à leur vie. Il convient de souligner ici qu'en 1936, à la suite de la dévaluation du franc suisse, de nombreuses banques se trouvèrent à court de liquidités et cessèrent, dramatiquement, leurs activités comme la Banque Fédérale, à Berne, et de nombreuses banques privées, en Valais, qui ne pouvaient supporter des pertes supérieures à 1 million de francs. Fermée sur ordre de la Commission fédérale bancaire, l'une d'entre elles subsista en se transformant en une société anonyme (dont les actions au porteur, d'une valeur nominale de 500 francs, produisirent 5% d'intérêts pendant trente et un ans) à laquelle la famille, propriétaire de cet établissement renommé, abandonna la propriété de tous ses biens immobiliers afin de recapitaliser leur banque menacée de faillite. Grâce à cette opération altruiste, cet établissement put continuer ses activités bancaires jusqu'en 1968, date à laquelle il fut repris par une grande banque suisse.
par Léonard Pierre Closuit, Martigny