courrier des lecteurs

Environnement, petites fleurs et souveraineté alimentaire

24 sept. 2012

Suite à l'émission Classe politique de la TSR « Paysans suisses, quo vadis?» et la lecture des articles de presse relatifs à la nouvelle politique agricole PA 2014-2017 qui veut récompenser les agriculteurs pour l'entretien du paysage, je ne peux m'empêcher de tirer un parallèle avec le projet de 3e correction du Rhône qui préoccupe un bon nombre de valaisannes et de valaisans. Le chapitre des «Contributions à la qualité du paysage» parle de remplacer, par exemple, des chemins rectilignes par des chemins sinueux; de rendre bucoliques les abords des champs et des rivières en y plantant des allées d'arbres et bandes fleuries; d'y installer des bancs et créer des espaces naturels pour permettre aux «promeneurs du dimanche» de se reposer ; de mettre en place des mesures favorisant la mobilité douce et j'en passe… Si tout peut paraître fantastique et extraordinaire aux yeux des citoyens, toutes ces bonnes idées « citadines » proposées provoqueront une perte très importante de surfaces agricoles productives. Or, avec la constante augmentation de la population en Suisse et dans le monde, avec les besoins grandissants en terres fertiles qui serviront à produire les matières premières nécessaires à la fabrication de bio carburants pour faire face à la diminution des réserves de pétrole, a-t-on le droit ou peut-on se payer le luxe de sacrifier toutes ces bonnes terres productives? Je n'en suis pas sûr et je souhaite que l'on y pense avant qu'il ne soit trop tard et que nous helvètes, à force de «laver plus blanc que blanc», dépendions totalement de la production des autres pays du globe. Certes, nous en avons les moyens, mais est que cela suffira?
par Xavier Moret, maître-agriculteur et député, Martigny