courrier des lecteurs

Dépenses sociales: vision trompeuse!

28 oct. 2012

Dans une récente édition, vous avez commenté le Rapport social 2012 et considéré comme une discrimination le fait que 5% des dépenses sociales concernent les jeunes et 45% les personnes âgées. Cette vision est trompeuse et mérite d'être corrigée. En effet, les prestations sociales ne sont pas prioritairement destinées aux jeunes. Elles ont d'autres fonctions et finalités. La prévoyance vieillesse s'adresse logiquement aux retraités. Si les jeunes bénéficient comme toute la population de soins de santé, ils sont moins malades et les dépenses sont donc faibles, ce qui est une chance. Le chômage ne les concerne pas prioritairement. Dès lors, il est plutôt réjouissant de constater que les dépenses sociales en faveur des jeunes soient faibles. Par contre, ce qui n'a pas été dit, c'est que parmi les dépenses sociales autres que celles relevant de la fonction «Famille, jeunesse», plusieurs milliards de francs concernent les jeunes. Ce sont, par exemple: les subventions d'assurance-maladie, les prestations d'assurance-accidents, les rentes de veuves et d'orphelins de l'AVS, la prise en charge des infirmités congénitales par l'AI, les mesures d'insertion professionnelle du chômage ou de l'aide sociale, les bourses d'étude, les réductions compensant les frais de transports, les aides au logement, etc. Et puis, surtout, les prestations publiques en faveur des jeunes relèvent d'autres domaines d'activité, dont l'enseignement et la formation, le sport, la culture, les loisirs. Ce sont ainsi près de 37 milliards de francs en 2010, soit 20% des dépenses publiques, qui y ont été affectés! Soit, pour la jeunesse, en milliards, 5 à 6 fois plus que les 5% mentionnés dans votre article. La différence est de taille. Il n'y a donc pas lieu d'y voir une discrimination, car cette perspective est tronquée et ne correspond pas à la réalité de l'allocation effective des ressources publiques. Véhiculer une image trompeuse des relations intergénérationnelles, c'est opposer de manière dommageable les différentes catégories de population, qui plus est à l'heure où la quête de cohésion sociale devrait prévaloir.
par Stéphane Rossini, conseiller national