courrier des lecteurs

Buvez de la tisane Madame

11 déc. 2016

La dernière décision du Parlement me met hors de moi. Je fais partie de la classe moyenne inférieure, celle dont parlent les politiciens avec des trémolos dans la voix. Nous ne roulons pas sur l’or avec mon mari et nos deux enfants. Nous venons d’apprendre que nous sommes l’ennemi à abattre : nous avons osé choisir une franchise d’assurance maladie à CHF 300.- par mois. Il semble que c’est très mal et que nous visons à faire exploser les coûts de la santé. Je rappelle tout d’abord aux élus que si nous avons une franchise basse cela nous contraint à payer une prime plus élevée. Et j’attire leur attention sur le fait que notre choix est rationnel – du moins si on ne veut pas s’endetter : nous ne sommes pas en mesure financièrement d’assumer des milliers de francs de frais médicaux en début d’année, ce qui est le risque à prendre si on choisit une franchise élevée.
Quand j’ai commencé à avoir mal au dos, j’ai suivi les recommandations de Mme Sauter dans son intervention du 8 décembre devant le conseil national. J’ai considéré mon mal de dos comme un « cas bagatelle », que j’ai soigné avec des dafalgan puis en allant chez une ostéopathe, sans passer par la case médecin. Heureusement que cette professionnelle, non remboursée par l’assurance de base, m’a convaincue de consulter un médecin. Diagnostic : cancer. Leçon : le médecin est le seul qui puisse qualifier un cas de bagatelle ou non.
Depuis les factures défilent et ne se ressemblent que par leur nombre de zéros avant la virgule. La maladie est un facteur d’appauvrissement majeur, et cela devrait être pris en compte par les politiciens. Les personnes qui ont des franchises à Frs 300.- ont peut-être fait ce choix pour les mêmes raisons que nous. D’autres parce qu’elles ont une maladie chronique ou un état de santé particulièrement mauvais. Toutes désirent non pas faire exploser les frais mais être en bonne santé. Elles méritent le respect et pas de se faire conseiller de boire des tisanes. Et si les politiciens se soucient des malades, qu’ils osent enfin s’attaquer au prix des médicaments. C’est un vrai combat, LE vrai combat, un combat international. Car ici je coûte cher, ailleurs je serais morte.

par salla, 1006 Lausanne