Le torrent du Saint-Barthélemy se montre parfois impétueux. En 1926, 1927 et 1930, trois violentes crues l’ont ainsi fait sortir de son lit dans le Bois-Noir, qu’il traverse, coupant la route cantonale et la voie de chemin de fer et «déviant même le Rhône», raconte Xavier Lavanchy.

Afin de prévenir ce type de catastrophes, sept barrages ont été construits entre 1930 et 1984 au fil de ce cours d’eau qui prend sa source sous la Cime de l’Est et se jette dans le fleuve entre Evionnaz et Saint-Maurice.

Aujourd’hui, ces ouvrages ne remplissent plus leur rôle. «Ils sont plein d’alluvions solides. Deux d’entre eux sont même complètement recouverts», précise le président de Saint-Maurice.

Les routes et le train menacés

Des mesures doivent donc être prises pour se prémunir contre de potentielles crues et laves torrentielles. Les douze partenaires concernés, parmi lesquels les communes de Saint-Maurice et d’Evionnaz, les CFF, l’Office fédéral des routes ou le canton du Valais, ont listé sept variantes dans un avant-projet en 2014.

Pour des questions de coûts ou de complexité, quatre ont été éliminées d’office, dont le curage des ouvrages ou la construction de nouveaux barrages. Les trois restantes – la création de digues de dérivation-rétention dans le Bois-Noir ou d’un fossé d’extraction avec ou sans arrière-digues – ont été présentées à la population des communes de Saint-Maurice et d’Evionnaz le 20 juin.

Un fossé d’extraction dans le Bois-Noir

«Le fossé sans arrière-digues a la faveur des différents acteurs, notamment au regard de l’impact paysager et environnemental», signale le chef de l’exécutif. Validée techniquement sous conditions par l’Office fédéral de l’environnement en 2014, cette variante prévoit d’excaver 1,4 million de mètres cubes dans la pinède sur une trentaine d’années pour créer une dépression à même d’absorber une crue. Devis estimatif: 4,6 millions de francs.

Le fossé sans arrière-digues a la faveur des différents acteurs, notamment au regard de l’impact paysager et environnemental.

Xavier Lavanchy, président de Saint-Maurice

A la demande des offices fédéraux et du canton, les trois options doivent toutefois être analysées de manière plus approfondie. «Dans cette perspective, une nouvelle convention est en cours d’élaboration. En complément de l’actuelle qui règle les modalités de gestion du cours d’eau et sera prolongée jusqu’en 2030, elle doit permettre l’attribution d’un crédit d’étude de projet», précise Xavier Lavanchy. Il espère que le mandat pourra être attribué en 2023.

Des feux de sécurité sur la route cantonale

En juillet 2015, 2016 et 2020, des événements ont montré que le danger est réel. Des laves torrentielles ont dévalé le chenal jusqu’au Rhône, passant tout juste sous les ponts de la route cantonale et de la ligne ferroviaire du Simplon ou laissant de gros blocs et d’importants dépôts sous celui de l’autoroute. Face à des crues trentennales, centennales ou extrêmes (environ 300 ans), les modèles établis par les ingénieurs pointent d’ailleurs ces ouvrages comme des points faibles.

Il n’y a pas d’urgence vitale dans le sens où aucune habitation n’est menacée.

Xavier Lavanchy, président de Saint-Maurice

«Il n’y a pas d’urgence vitale dans le sens où aucune habitation n’est menacée», reprend Xavier Lavanchy. Par ailleurs, à titre préventif, des feux de signalisation ont été installés sur la route cantonale: reliés à un détecteur installé en amont sous le pont de la Rasse, ils sont à même de stopper instantanément la circulation.

Des feux de signalisation reliés à un détecteur situé en amont ont été placés le long de la route cantonale pour stopper la circulation en cas de danger. © DR

Une mesure anticipée

En attendant la mise en place de l’ouvrage final, les partenaires souhaitent mettre en œuvre une mesure anticipée à échelle réduite, compatible avec le projet définitif. Objectif: aménager une zone de rétention des laves torrentielles pour les événements fréquents et juger la qualité des matériaux extraits pour voir comment ils pourraient être valorisés.

Une mise à l’enquête sera nécessaire. Des discussions devront aussi être engagées avec la Noble Bourgeoisie de Saint-Maurice, propriétaire de la grande partie des parcelles concernées dans le Bois-Noir.

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