Déjà condamné en 2020 par le Tribunal de Sion, un avocat valaisan en conflit avec un ancien client, notamment pour une affaire immobilière à Anzère, était rejugé récemment par le Tribunal cantonal (TC), à la demande de la défense, mais aussi de l’accusation. La cour cantonale n’a retenu cette fois que le faux dans les titres, exonérant l’accusé de l’accusation de gestion déloyale.

En première instance, cet homme de loi, né à Sion et actif dans les cantons de Genève, Vaud et Valais, avait écopé de 120 jours-amendes avec sursis. Cette fois, il voit sa peine réduite de moitié.

Devant le TC, le Ministère public avait pourtant demandé une sanction de 270 jours-amendes avec sursis et une amende de 1000 francs, estimant «exagérément clément» le premier verdict. Car pour la procureure Rahel Brühwiler, «l’accusé ne se remet pas en question, préférant accuser sa victime».

L’avocat-administrateur éjecté

Les faits remontent à la période 2010-2015. L’accusation reproche à l’accusé d’avoir privé de toute activité et pendant des années la société dont il était administrateur, notamment par des «simulacres d’assemblée». Selon l’accusation, l’avocat voulait amener l’actionnaire majoritaire à reconnaître une créance qu’il prétendait détenir, s’accrochant à son poste d’administrateur.

En première instance, le Tribunal de Sion avait estimé que l’avocat n’a pas respecté, ni les instructions de son client ni son devoir de fidélité en tant qu’administrateur et actionnaire minoritaire (15%) de la société dont son client était l’actionnaire majoritaire (85%).

Le prévenu s’est débattu comme un diable dans un bénitier.

Me Charles Poncet, avocat du plaignant

Des terrains achetés par la société du plaignant pour 2 millions de francs à Anzère ont été finalement bradés pour 240 000 francs, lors d’une vente aux enchères.

Une perte née directement de cette situation de blocage, selon l’avocate de la société. Parlant d’un préjudice de plus de 2 millions, sans compter de nombreux frais, Me Beatrice Pilloud estime que «le prévenu a procédé à des montages, utilisant tous les rouages juridiques à mauvais escient pour bloquer la situation».

Plus de 3,5 millions en jeu

Avocat de l’actionnaire plaignant, Me Charles Poncet, affirme que l’accusé «a essayé de prendre le contrôle de la société afin de pouvoir faire ce qu’il veut». Pour le ténor du barreau genevois, «le prévenu s’est débattu comme un diable dans un bénitier pour conserver les 15% de la société, car il pensait faire un carton avec les terrains d’Anzère».

L’actionnaire principal et sa société réclament plus de 3,5 millions de francs au condamné. Une procédure civile qui s’annonce néanmoins compliquée avec la décision du TC de nier à cette société la qualité de plaignante.

Jamais mon client n’a puisé dans la caisse.

Me Stefan Disch, avocat de l’accusé

Lors de ce second procès, la défense, assurée par Me Stefan Disch, a tenté de démontrer que le plaignant lui-même a une responsabilité dans la déconfiture de sa société, «via des manœuvres financières de bas étage, notamment avec des sociétés off-shore». L’actionnaire principal fait d’ailleurs l’objet d’une procédure pénale pour gestion déloyale et faux dans les titres pour la même affaire, après une plainte déposée à Genève de son ancien administrateur.

Me Disch ajoute: «On a demandé à mon client, qui tentait de valoriser les terrains d’Anzère, de quitter le navire sans qu’il soit déchargé des dettes et des charges en souffrance.»

Et si l’administrateur s’est opposé à l’actionnaire majoritaire, «c’est pour demander des garanties pour les créanciers et qu’il soit déchargé de sa responsabilité. De plus, jamais mon client n’a puisé dans la caisse de la société.»

L’accusé a aussi attaqué son ancien client devant les juges du TC, évoquant «la bonne combine de factures faites après coup pour diriger l’argent où l’on veut».

Les différentes parties peuvent encore faire recours contre ce jugement devant le Tribunal fédéral.

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