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Projet pilote à Sion: l’intérêt de l’info politique citoyenne démontré

Conduit à Sion il y a un an, le projet Demoscan démontre que les votants accordent une grande confiance au panel citoyen tiré au sort pour travailler sur un objet de votation.

23 sept. 2020, 16:14
Les votants accordent une grande confiance au panel citoyen tiré au sort pour travailler sur un objet de votation.

Les votants accordent une grande confiance à l'information politique rédigée par des citoyens tirés au sort. C'est ce qui ressort du projet Demoscan mené par l'Université de Genève à Sion. D'autres villes et cantons ont déjà fait part de leur intérêt pour mettre en place des expériences semblables.

Vingt citoyens tirés au sort à Sion se sont penchés fin 2019 durant deux week-ends sur l'initiative fédérale «Davantage de logements abordables» soumise au peuple le 9 février 2020. Après avoir écouté experts, partisans et opposants, ils ont réuni les informations ainsi récoltées sur une page A4. Au recto figure un résumé des enjeux en huit points, tandis que le verso est consacré aux arguments en faveur et en défaveur de l'initiative.

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Leur rapport a ensuite été envoyé à la population du chef-lieu valaisan, soit à quelque 21 000 personnes, avant le vote. Une enquête en trois vagues a finalement été menée auprès d'un échantillon représentatif de 2500 d'entre elles, tirées au sort. Le but était de savoir si le travail de leurs concitoyens était compréhensible, leur avait été utile et s'il avait influencé leur participation à la votation et leur décision finale.

Un complément plus accessible

«L’objectif du projet-pilote était de voir dans quelle mesure une information citoyenne pouvait inciter les citoyens à voter, et quel degré de confiance ces derniers accordaient à un panel tiré au sort. Les résultats sont très encourageants», a indiqué mercredi matin lors d'un point presse le professeur Nenad Stojanović, professeur FNS de sciences politiques à l'Université de Genève à l'origine de Demoscan.

Dans le détail, une majorité de citoyens accordent plus leur confiance au panel citoyen, notamment parce qu'il a été tiré au sort, qu'au Parlement fédéral. 46% des sondés ont aussi cité le rapport citoyen parmi les sources d'information consultées pour se forger une opinion. C'est moins que la brochure officielle (54%) mais plus que toutes les autres sources comme les médias (35%), les comités partisans (entre 22 et 24%) ou les partis (15%).

«Notre idée, ce n'est pas de faire de la concurrence à la brochure mais de fournir une autre source d'information, écrite dans un langage plus accessible par Monsieur et Madame Tout-le-Monde», souligne le professeur. Il espère d'ailleurs que ce travail citoyen sera inclus dans la communication officielle, comme c'est le cas dans l'Etat américain de l'Oregon par exemple.

Hausse de la participation

«Ce serait une belle chose pour la démocratie si l'on pouvait institutionnaliser ce genre de projet», ajoute Nenad Stojanović. Les analyses montrent que le taux de participation des Sédunois sur cet objet a été un peu plus élevé que la moyenne cantonale, alors qu'il est traditionnellement un peu plus bas.

D'autre part, les membres du panel ont pu pendant quatre jours se mettre à la politique et en apprendre les mécanismes, souligne Nenad Stojanović. Si cette manière de faire était systématique, alors des milliers de personnes pourraient bénéficier de cette expérience, résume le professeur.

Sondés, les vingt auteurs du rapport se montrent d'ailleurs convaincus par le projet Demoscan. Ils estiment avoir appris suffisamment de choses pour prendre une décision éclairée sur l’objet de votation. Une prochaine étude devrait déterminer si leur expérience à modifier leur manière d'aborder les votations.

D'autres villes se sont lancées

Pour le président de Sion dont la ville a servi de laboratoire, «ces résultats montrent que les citoyens accordent crédibilité et attention au travail de leurs concitoyens». Le libéral-radical y voit aussi un moyen «de rapprocher le pouvoir politique du citoyen dans un débat plus constructif et engagé». Sion devrait réitérer l'expérience pour de futurs votes communaux, selon son président.

Plusieurs villes et cantons vont s'inspirer de ces travaux. Genève, Bienne ou encore le canton d'Argovie ont déjà pris contact avec l’équipe du projet Demoscan. A Zurich, les autorités cantonales ont manifesté leur intérêt à organiser des assemblées citoyennes tirées au sort, sur les défis du changement climatique.

Soutenu par le Fonds national suisse (FNS) et la Ville de Sion, Demoscan a été lancé par le professeur Stojanovic qui s'est inspiré d'expériences menées en Oregon et dans d'autres Etats américains. Il est doté de 100 000 francs.

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